
L’art de transformer le plomb que sont nos tentions et nos conflits en évolution
Elle est la fusion entre la communication non violente, la communication transformative et les outils de médiation et d’analyse transactionnelle.
Commençons par voir les bases de la communication non violente de Marshall Rosenberg pour voir ce que la méthode CAPT a de plus.
La CNV se résume en 4 points de l’acronyme OSBD
- Observation : Faire des observations objectives (pas de caricature, d’interprétation, les faits, rien que les faits)
- Sentiments : Faire le lien entre ce que l’on perçoit (Le O) et ce que l’on ressent dans nos émotions et dans notre corps, en étant responsable de nos sentiments (ce n’est pas l’autre qui me met en colère, c’est moi qui me met en colère face à une situation qui me gêne).
- Besoins : Faire le lien entre ce que l’on ressent (le S) et nos besoins fondamentaux. Et bien dissocier les désires qui sont des stratégies pour combler les besoins et les besoins réels.
- Demandes claires et négociables : Une fois que l’on a observé objectivement les faits et ce qu’ils déclenchent en nous, avoir mis le doigt sur les besoins réels qui sont en jeu, il faut faire des demandes qui soient claires et négociables à l’autre pour trouver un terrain d’entente commun.

Déjà ce processus que Marshall Rosenberg a découvert en observant le comportement des peuples premiers est une véritable révolution. Pour prendre conscience de cette révolution, voyons ensemble les points fondamentaux de la communication violente.
La communication violente

Cette méthode vous garantit les conflits permanents et l’immobilisme total au pays de l’irresponsabilité et de l’inconscience.
- Faire des caricatures : déformer les faits et la réalité, faire des généralités, tourner les choses sous l’angle qui m’arrange et qui me permet d’éviter la culpabilité et la responsabilité.
- Cacher mes sentiments et nier ceux des autres : ne pas montrer ce que je ressens comme au poker pour éviter de donner à l’autre des informations qui pourraient être en ma défaveur. Et nier les sentiments de l’autre (déjà tu te calme et tu me parle sur un autre ton !!! Et voilà et maintenant ça pleur !!!).
- Nier mes besoins et ceux des autres : on a tendance à nier “JE” et à mettre les besoins du groupe “NOUS” avant les nôtres pour avoir la paix. Qui suis-je pour affirmer mes besoins ? Et toi pour qui tu te prends pour me déranger avec tes besoins ? Tu n’as qu’à prendre sur toi et supporter (moi, je te supporte bien !).
- S’imposer, fuir ou se soumettre : en fonction de nos blessures intérieures et de notre dominance dans la relation, on va généralement s’imposer, fuir ou se soumettre et utiliser des jeux de pouvoir.
- Avoir raison et sauver la face : En général, celui qui c’est imposé va chercher tous les arguments pour justifier sa position de dominant et celui qui s’est soumis ou a fuit, va chercher tous les arguments pour justifier la réaction et essayer de convaincre un “sauveur” qu’il y a bien une injustice dont il est la victime (enclenchant ainsi le triangle de Karpman, “bourreau, victime sauveur”).

J’ai appris la communication violente dans ma famille, à l’école, au travail, simplement en observant les autres et en apprenant par mimétismes pendant des années.
On peut penser que la plus grande violence dans la communication se fait avec des mots dure, mais la plus grande violence qu’on puisse faire à un être humain est de l’ignorer, de ne rien lui dire. Un enfant préfère être battu et insulté par ses parents, plutôt qu’ignorer par eux, quitte à les pousser à bout pour maintenir une relation violente plutôt que pas de relation. Dans ce cas, la violence est transmise par le langage non verbal qui, cela dit au passage, représente plus de 80 % de la communication.
Communication Authentique, Profonde et Transformative
Maintenant voyons ce qui différencie la méthode CAPT.
La CNV a été un grand pas vers la conscience, la responsabilité et l’évolution. Cependant, il y avait à mes yeux de sérieuses lacunes et limites par rapport à d’autres approches.
Voyons voir les 10 points qui caractérisent la méthode CAPT :
1-On est tous maladroit
- Nous avons tous des parts de nous qui tentent désespérément et maladroitement de nous protéger et de combler nos besoins fondamentaux.
- Es-tu d’accord avec le fait que tu tentes maladroitement de combler tes besoins et que l’autre aussi ? Ou bien te juges-tu de tes actions et l’autre aussi ?
- Veux-tu voir plus clair et résoudre cette tension par de l’évolution ? Si oui étape suivante….
Bien souvent, notre vision dualiste et moraliste fait que l’on se juge et/ou que l’on juge l’autre de « pas comme il faudrait »
Quand on arrive dans le conflit avec des jugements sur soi ou sur l’autre, cela va être très difficile de ne pas matérialiser notre croyance et de la faire devenir réel (on va faire en sorte de mettre en évidence que c’est de notre faute, parce qu’on est nul/con, ou que c’est la faute de l’autre parce qu’il est nul/con). A l’inverse, si j’arrive avec de l’humilité et du respect de moi et de l’autre, c’est ça que je vais rendre réel, car dans les faits, on est tous maladroits à combler de vrais besoins, mais totalement insciemment.
2-Il s’est passé quoi réellement ?
Observe les Faits, rien que les Faits, objectivement !
- Que s’est-il passé réellement ? Peux-tu extraire juste les faits sans les déformer ? (Attention aux interprétations, aux suppositions, aux caricatures, aux croyances faussent qui t’aveugle et fausse la réalité… !). Quels sont les faits réels, précis, datés, sans interprétations ? Comme l’aurait fait une caméra « objectivement » et pas subjectivement. Limite toi à ce qui est objectif et accepte que tes interprétations sont sûrement fausses et déforment la réalité.
- Exemple : « tu arrives toujours en retard », devient « tu es arrivé 3 fois en retard cette semaine, es-tu d’accord avec ce constat ? »
3-Je me sens comment avec ça ?
Observe tes sentiments et tes ressentis.
- Qu’est-ce que tu ressens dans ton corps, dans ton cœur, dans ton ventre dans ta gorge ?
- Quel sentiment ressens-tu envers la situation, envers toi, envers la situation, envers l’autre ? Attention aux faux sentiments (abandonné-trahi-rejeté-humilié-) (voir dictionnaire des sentiments).
- Es-tu en mesure d’être 100 % responsable de ce que tu vis et de la façon dont tu réagis aux évènements ? Pourquoi d’autres réagissent différemment que toi ? Tes réactions sont liées à tes blessures, à tes peurs, mais pas aux évènements extérieurs qui sont des ingrédients de ta vie, pas des accidents.
4-C’était quoi mon/ses intentions ?
Observe les Intentions profondes que tu as :
- Quelle est ton intention profonde ? Et à ton avis, qu’elle est l’intention profonde de l’autre ? (Attention à ne pas se mentir à soi-même… !)
- Que souhaitais-tu comme résultat ? Et que souhaite-t-il à ton avis ? (Dans le fond, tu voudrais quoi ??? Et Il voudrait quoi selon toi ?)
5-C’est quoi les vrais besoins sous-jacents ?
Cherche à combler des Besoins Fondamentaux et pas des désirs :
- Quelle est ton / son besoin réel ? (Voir image pyramide de Maslow)

(Attention les besoins ne sont pas les désirs et les stratégies : besoins = manger / désire et stratégie = couscous ou pizza / maison resto)
- Ton besoin est-il en adéquation avec les besoins de l’autre ou du groupe ?
- Est-il possible de combler les 2 besoins par des stratégies « gagnant/gagnant » à ton avis ou souhaites-tu t’imposer ou te soumettre si les besoins ne sont pas complémentaires ?
6-Quelles stratégies seraient adaptées pour combler nos besoins ?
Observe et adapte les Stratégies et les désirs :
- Qu’as-tu fait ou que veux-tu faire ? (Quelles stratégies utiliser pour combler quels besoins ?)
- Est-elle ou était-elle adaptée ? (Réellement adaptée ? Comment réajuster ?)
- Ta stratégie est-elle positive ou néfaste aux besoins des autres ?
- Quelle stratégie peux-tu mettre en place seul, qui ne nuise pas aux besoins des autres ?
- As-tu besoin de l’aide de l’autre (des autres) pour élaborer cette stratégie ?
7-Chercher l’équilibre entre donner et recevoir :
Est-ce que c’est équilibré et Gagnant/Gagnant entre nous ?
- Comment tu te sens avec cette stratégie et comment l’autre ou les autres se sentent avec cette stratégie ?
- Cette intention que tu as et cette stratégie que tu souhaites réaliser sont-elles gagnant/gagnant pour l’autre ? « Y a-t-il un équilibre entre donner et recevoir ? »
Parfois, le fait de supporter un déséquilibre et de prendre sur nous, permet de garder un jeu de pouvoir ou l’on reste délibérément victime de l’autre. Mais chaque facture relationnelle impayée, ressortira tôt ou tard. Alors autant que ce soit le plus tôt possible et mettre en place des bases claires et équilibrées dans les échanges relationnels.
8-Faire des demandes claires et négociables
Mes demandes sont-elles claires et négociables ?
- Serait-il possible pour (toi/vous) de … ? (Attention à votre langage non verbale !)
Faire une demande à soi, ou à l’autre ? Car si l’on est dans un conflit structurel et que le conflit est insoluble, il faut se faire les demandes à soi même.
- Es-tu en mesure de supporter ça, es-tu prêt à assumer les changements pour pouvoir sortir de cette situation ?
Mes demandes sont-elles recevables pour l’autre ?
En quoi suis-je dépendant de l’autre ou des autre pour combler mes besoins ?
9-Déjoue les conflits structurels (Sommes-nous vraiment complémentaires ?)
Attention, on n’est pas tous compatibles et parfois on est compatible à un moment, mais on ne l’est plus à un autre !
- Quelles valeurs existentielles partageons-nous en commun pour être ensemble ?
- Quel type de relation vivons-nous et voulons-nous ?
- Quel engagement ai-je envers l’autre ? Puis-je ou dois-je me désengager de quelque chose ?
On garde bien souvent des relations conflictuelles et stagnantes pour deux raisons :
- car on ne peut pas forcer les autres à être autrement. On ne peut pousser personne à évoluer ou à prendre conscience.
- On a peur d’aller à la limite de la relation et de se retrouver seul (on préfère être mal accompagné) et c’est souvent lié aux blessures d’abandon, de rejet et à un problème de sevrage/autonomie ou l’on a peur de ne pas arriver à s’en sortir bien, seul.
Exemple de phrase magique pour restaurer la relation : Je te présente mes excuses pour xy. Notre relation est très importante pour moi et je veux en prendre soin. Selon toi qu’est-ce que je devrais faire ou changer pour que ce soit plus simple et joyeux pour toi ?
Exemple de phrase magique pour mettre fin constructivement la relation : J’aurais aimé pouvoir maintenir la relation avec toi, mais je n’en ai plus les ressources et je vois bien que l’on a des stratégies trop différentes pour se sentir bien ensemble. Je me rends compte que quand je te dis oui, c’est à moi que je dis non et je ne veux pas me perdre. J’espère que tu peux comprendre.
10-Célébrer le conflit et l’évolution
Merci à ce conflit de m’avoir permis de … ?
De quoi ?
Bien souvent, je vois le conflit comme un problème, une chose en trop qui ne devrait pas être, au lieu de le voir un révélateur des déséquilibres, de ma soumission, de ma fuite, de mon contrôle. Il est pourtant un ingrédient fondamental de l’évolution, de mon évolution et celle du monde ! Pas de problèmes, pas de solution !
Avec le recul, on peut observer que le conflit est en fait l’expression « violente » de notre réfraction au changement et à l’évolution. Sinon, ce ne serait pas un conflit, mais juste une « tension » qui aura permis un ajustage et une évolution !
Pour vous en convaincre, c’est plus facile de voir la brindille dans l’œil du voisin que la poutre qui est dans le nôtre. Alors regardons une tension de notre point de vu autocentré.
Prenons une situation XY ou l’autre fait quelque chose qui vous dérange et vous irrite.
Auriez-vous envie de vous énerver et de hausser le ton sur l’autre, alors qu’il essaie de vous comprendre, vous écoute attentivement dans vos besoins et les reconnait ? Qu’il se remet en question, reconnait ses torts, prend ses responsabilités et est près à changer des choses pour que ce qu’il fait qui vous dérange, vous dérange moins ou plus du tout ?
Maintenant, retournons le truc dans l’autre sens. Pourquoi quelqu’un s’énerverait contre vous si vous avez la même attitude d’être à l’écoute des besoins et d’être dans une posture évolutive ? Donc, quand on s’énerve contre vous, ce n’est pas l’autre qui est agressif. C’est simplement vous qui n’êtes pas capable d’entendre que vous irritez l’autre par votre attitude et qu’un ajustage que vous ne souhaitez pas serait souhaitable.
Quand il y a de l’humilité, de la conscience, du respect et de l’évolution, il n’y a plus de conflit. Il y a juste la vie qui nous stimule et l’évolution qui en découle.
A ce stade, vous avez une bonne partie de la théorie, comme si vous aviez un livre sur l’escalade ou le karaté.
Il ne vous reste plus qu’à mettre en pratique et vous pourrez vite constater qu’apprendre le karaté dans la rue sur la base d’un article qu’on a lu donne peu de résultat positif.
Il faut s’entrainer avec des roulettes comme le vélo et se sentir en sécurité pour répeter et changer nos réflexes.
C’est en forgeant “avec un forgeron” qu’on devient forgeron et pour bien intégrer, il faut 10 % de théorie et 90 % de pratique
Franck Nathié
Articles similaires
Aucun résultat