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À la découverte de la méthode CAPT
Continuons nos recherches sur la synergie humaine…
L’article C’est quoi la synergie humaine vous a présenté comment la Forêt nourricière travaille sur les relations humaines, en suivant 4 thèmes (qui correspondent aux 4 modules de stages proposés):
- reconnaître ses besoins fondamentaux et guérir ses blessures intérieures
- communiquer avec authenticité et profondeur
- savoir gérer positivement les conflits
- expérimenter : savoir rêver ensemble ou séparément, déjouer les conflits structurels et ne pas s’engager avec des personnes aux valeurs trop éloignées.
C’est le second thème qui nous intéresse aujourd’hui : la communication authentique, profonde et transformative, baptisée méthode CAPT par Franck.
Professionnellement ou dans nos relations personnelles, la communication avec les autres peut être compliquée, et passe bien souvent par des frustrations, des jugements et de la culpabilité de part et d’autre. La démarche CAPT a pour objectif de mettre en place de nouveaux outils, de changer de posture et de réflexes dans sa manière de communiquer.
Pour télécharger le poster, c’est par ici !
Un petit aperçu concret ? Alors prenez le temps de réfléchir à une situation que vous avez pu vivre récemment, et dans laquelle la communication a été compliquée. Vous êtes sorti déçu de cet échange, et vous vous demandez comment vous auriez pu gérer différemment la question ?
Voici un extrait de la méthode CAPT, à tester avec une situation personnelle de votre choix. Suivez la démarche pas à pas, en répondant aux questions à chaque étape.
“Je prendrai un exemple personnel tout frais pour illustrer la démarche : mes deux garçons (en primaire) qui ne veulent pas se préparer pour aller à l’école le matin…”
Étape 1 : se centrer sur le fait que l’on est tous maladroits à combler des besoins fondamentaux
Avant même de commencer à réfléchir à des solutions, la méthode CAPT conseille de passer un contrat de bienveillance envers soi-même et l’autre : se rendre compte que nos comportements prennent leur origine dans des besoins fondamentaux non satisfaits. Et que nous ne sommes pas toujours très adroits ni à les communiquer clairement, ni à les combler par nous même ! Accepter cet élément permet de commencer la démarche dans de bonnes dispositions, et d’être prêt à aborder une situation plus objectivement.
“Au moment du conflit sur le départ à l’école, je ne me suis pas posé de questions, pour moi j’avais raison et mes enfants ne faisaient pas d’efforts. Le fait de se dire à froid qu’on a chacun été maladroits a débloqué cette vision des choses, et m’a permis de poursuivre la méthode.”
Étape 2 : observer les faits
Comme un chercheur, commencez par vous demander Quels sont les faits réels ? (sans les déformer, sans interprétation ni caricature, à la manière d’une caméra,).
“Après le petit déjeuner, je demande plusieurs fois aux enfants de se laver les dents et de préparer leur goûter pour aller à l’école. Il ne me répondent pas. Au bout de 5 minutes, je vais les voir pour savoir où ils en sont, ils n’ont pas bougé. Je monte en pression et je leur dit, très énervée, d’aller vite se laver les dents. Ils le font, non sans avoir claqué plusieurs portes. Je leur prépare leur goûter pour ne pas être en retard. On ne se parle pas jusqu’au portail de l’école.”
Observer objectivement les faits permet de se calmer, et de ne pas rentrer dans des interprétations, qui figent les relations : “Comme d’habitude, ils ne m’écoutent jamais !”, versus “De toute façon tu ne nous laisse jamais rien faire !”.
Étape 3 : observer ses sentiments et ses ressentis, et en prendre la responsabilité
Répondez maintenant à la question Qu’est-ce que je ressens (sentiments, réactions physiques, …) ? Prendre l’entière responsabilité de ses émotions permet de prendre conscience que chacun réagit différemment, en fonction de ses intentions et de ses besoins.
“Sur le moment je me sentais vraiment tendue et en colère, j’avais la gorge nouée et envie de crier pour exprimer mon énervement. Après, je me suis sentie triste et déçue de moi-même, de ne pas avoir réussi à gérer sereinement la situation.”
Étape 4 : questionner ses intentions profondes
Après avoir pris du recul, la méthode CAPT propose de se poser la question Quelles sont mes intentions profondes ? à l’origine de l’échange. Et comme la communication n’existe que par la relation avec l’autre, il est aussi nécessaire de lui demander son intention à ce moment-là. Cette étape permet de clarifier de vive voix les attentes de chacun, et de créer une confiance mutuelle.
Échanges entre participants d’un stage CAPT
“Dans cette situation, mon intention profonde était que mes enfants soient à l’heure à l’école sans que j’ai à m’énerver, et que je me sente fière de moi en tant que maman qui assure son rôle. L’intention de mes garçons était d’avoir un temps de jeu avant de partir, de vivre à leur rythme d’enfant, bien loin du rythme imposé par notre rythme d’adulte.”
Étape 5 : chercher à combler des besoins fondamentaux et pas des désirs
Il est ensuite important de rechercher Quel besoin fondamental nécessite d’être comblé ? Plusieurs outils peuvent vous servir : la Pyramide de Maslow par exemple, ou pourquoi pas un stage À la rencontre des besoins fondamentaux à la Forêt nourricière !
La théorie de Maslow, avec une représentation en pyramide, propose 5 besoins fondamentaux qui peuvent engendrer nos motivations et nos actes. Cela commence par les besoins les plus importants, en bas de la pyramide : besoins physiques et physiologiques (manger, boire, dormir, respirer, etc.). Viennent ensuite les besoins de sécurité et de protection (avoir un environnement stable, sans stress), les besoins d’affiliation et d’amour (appartenir à une famille, à un groupe), puis les besoins de confiance et d’estime (se respecter, être apprécié des autres), et enfin le besoin d’accomplissement de soi.
Cet outil peut aider à mieux comprendre ce qui a motivé nos comportements respectifs, pour mieux les adapter ensuite.
“Pour moi, il s’agissait d’un besoin de sécurité, de confiance et d’estime de moi, et un besoin de me sentir entendue. Les besoins de mes enfants étaient d’ordre physique (besoin de dormir plus longtemps), de sécurité (peur de se faire fâcher par l’enseignante pour avoir oublié un travail la veille) et besoin de temps pour soi.”
Étape 6 : adapter la stratégie
Après l’observation de nos maladresses, et la recherche des intentions et des besoins qui nous animent, c’est le moment d’observer si la stratégie prise était adéquate. A-t-elle réussi à combler les besoins de chacun, ou était-elle à côté de la plaque ? Pour adapter au mieux la stratégie à la situation, essayez de répondre à la question : Comment combler nos besoins, sans nuire aux besoins de l’autre ?
Le choix de la stratégie peut se faire individuellement, mais dans l’idéal elle se fait avec l’autre, si cela est possible.
“Nos stratégies sur le moment : elles ont consisté à s’énerver, élever la voix ou claquer les portes, et pour moi de préparer le goûter à la place des enfants pour gagner du temps. Cela n’a absolument pas comblé nos besoins !
Nous avons réfléchi ensemble à des stratégies qui nous conviendraient à tous les trois.
Le plus grand a souhaité construire un planning des tâches à effectuer le matin, avec des horaires clairs fixés ensemble, pour mieux se repérer. Le plus jeune a mis en place des doudous aux endroits stratégiques de la maison pour qu’ils lui rappellent les tâches à effectuer, et leur faire des câlins pour se donner du courage.”
Étape 7 : chercher l’équilibre entre donner et recevoir
L’équilibre entre donner et recevoir doit être respecté : il s’agit là d’accéder aux besoins des autres, mais aussi d’assouvir les siens. La question à se poser : la stratégie mise en place est-elle gagnant/gagnant, ou l’un des deux est-il perdant ?
“Le compromis trouvé est, après quelques jours d’utilisation, efficace : les enfants prennent des bons réflexes, dès le lever qui se fait plus rapidement et en autonomie. Ils se réfèrent beaucoup aux horaires du planning en regardant l’heure, je n’ai plus à leur rappeler de se dépêcher. Une plage a été intégrée au planning pour qu’ils puissent jouer 15 minutes avant le départ, leur besoin de temps pour eux est comblé, et cela me permet de faire sereinement les autres tâches du matin, qui étaient jusqu’ici une corvée. Ma confiance en eux se renforce, je vois qu’ils sont capables de faire leur part, et l’ambiance est beaucoup plus sereine : je les félicite au lieu de m’énerver contre eux!
Étape 8 : faire des demandes claires et négociables
Comment poser clairement nos demandes ? La plupart du temps, nous ne faisons pas de demande, nous nous attendons à ce que l’autre comble nos besoins de manière intuitive. Et quand on ose faire une demande, sa formulation est souvent confuse, ou annoncée de manière indirecte. Vous êtes le seul à être dans votre tête, alors veillez à traduire le fil de votre pensée de A à Z, et à ne pas donner seulement la conclusion qui ne sera pas comprise ! La manière de dire les choses est aussi essentielle pour que l’autre se sente respecté : attention aux injonctions (“je veux que tu fasses ceci tout de suite !”) et au ton utilisé (la demande “peux-tu s’il te plaît faire ceci” est juste dans les mots employés, mais elle devient un ordre si on montre des signes physiques d’impatience ou de colère,en haussant la voix ou en tapant du pied).
“Nous avons pris le temps de nous poser pour discuter tranquillement, et avons convenu ensemble des règles suivantes : je ne répéterai plus les consignes plusieurs fois : je vous ferai mes demandes une seule fois. Vous pouvez ensuite regarder le planning pour savoir si vous avez tout fait. Nous partirons à l’heure prévue, et si vous n’avez pas pris le temps de préparer vos goûters/affaires, tant pis, nous partirons sans.”
Étape 9 : déjouer les conflits structurels
La dernière étape de la méthode CAPT consiste à clarifier les relations avec notre entourage : réfléchir à ce que l’on fait ensemble, à la façon dont on rend les autres dépendants de nous, ou à l’inverse à la manière dont nous sommes dépendants d’eux pour être sereins et heureux.
Pour des adultes c’est de se poser plusieurs questions : quelles valeurs existentielles partageons-nous en commun pour être ensemble ?
Quel type de relation vivons-nous et voulons-nous ? :
- L’interdépendance/le mutualisme : gagnant/gagnant et libres
- La codépendance/la symbiose : gagnant/gagnant mais dépendants – fusionnels
- L’assistanat/l’altruisme : perdant/gagnant, je sauve l’autre et ça me permet d’exister
- La dépendance/le parasitisme: gagnant/perdant, je coûte aux autres et leur apporte des problèmes
“Pour moi, c’est me poser la question de ma responsabilité dans l’accompagnement à l’autonomie des enfants. L’utilisation de méthode CAPT dans ce cas concret m’a permis de prendre du recul sur le quotidien, et de prendre conscience que dans mon souci de gérer au mieux le planning familial, je faisais beaucoup de choses à leur place en pensant gagner du temps, alors qu’ils pourraient les réaliser seuls et développer leur autonomie.
Étape 10 : célébrer l’évolution, remercier le conflit et être 100% responsable de ce que l’on vit
Bien souvent, on voit les conflits et les tensions comme des problèmes, au lieu de les voir comme des solutions. Ce sont en fait des moteurs pour nous faire évoluer, alors prenons un nouveau départ et remercions ces conflits qui ont enrichi nos relations.
“La méthode CAPT nous a permis d’imaginer une stratégie bénéfique pour chacun, et qui s’avère efficace ! Les tensions sont bien moindres depuis, et nous nous en félicitons tous les matins !”
Je ferai un rapprochement de mon exemple avec la synergie végétale : si l’on arrose les plantes chaque jour en petite quantité en surface, leur réseau racinaire se développe peu, et elles sont dépendantes de notre arrosage. Si ce dernier est moins régulier mais plus diffus et important, les plantes doivent développer leurs racines en profondeur, pour aller puiser l’eau qui aura eu le temps de s’infiltrer dans la terre. Elles deviennent alors plus résistantes, vigoureuses et résilientes. J’y vois une similitude avec les relations parents/ enfants : pour qu’ils développent leur autonomie/leurs racines (ici se préparer seul le matin), nous ne devons pas pas leur apporter des solutions toutes faites, comme arroser seulement en surface. Même si ce n’est pas facile sur le moment, il est important de les laisser vivre leurs difficultés, et de trouver des solutions pour répondre eux-mêmes à leurs besoins.
Un petit récap’ de la méthode CAPT, pour bien se la remettre en tête ?
- On est tous maladroits à combler des besoins vitaux !!!
- Il s’est passé quoi réellement ?
- Je me sens comment avec ça ?
- C’était quoi mon intention en faisant ça ?
- J’aurais besoin de quoi et l’autre aurait besoin de quoi ?
- Quelles stratégies seraient adaptées pour combler nos besoins ?
- Est-ce que c’est gagnant / gagnant entre nous ?
- Mes demandes sont-elles claires et négociables ?
- Sommes-nous vraiment complémentaires ?
- Merci à ce conflit de m’avoir fait prendre conscience de …
Ce n’est bien sûr qu’une initiation à la méthode CAPT, rien ne vaut la pratique avec le stage CAPT proposé par la Forêt Nourricière, où un accompagnement personnalisé vous sera proposé pour appréhender et expérimenter ce cheminement.
Bonne expérimentation !
Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser
Marion Dehay, membre de la Forêt nourricière
Pour aller plus loin :
- Poster Méthode CAPT à télécharger ici
- Vous souhaitez en savoir plus sur la formation à la méhode CAPT ? C’est ici !
Les méthodes développées en stage par la Forêt nourricière s’appuient sur plus de quinze ans de recherches en écologie, sociologie animale et humaine, principes de synergie chez les êtres vivants et dans les écosystèmes, et sur huit années de formation dans les rapports humains (gestion des conflits, médiation, communication non violente, communication transformative, prise de décision par consensus et consentement, programmation neuro-linguistique, holacratie, sociocratie et participation à des projets collectifs divers).
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