
Haricot vivace : la plante en détail
Bonjour à tous.
Nous revoilà pour te parler d’une des plantes exceptionnelle du jardin forêt productif : le haricot vivace “Orteil du prêcheur”. Nous allons aborder la particularité de ce haricot. Des racines aux gousses, en passant par les petits trucs à connaitre pour bien le cultiver, les détails sont dans cet article.
1 – Description de la plante : Une grimpante
Le haricot vivace “Orteil du prêcheur” est une plante grimpante qui peut atteindre jusqu’à 3 ou 4 mètres de hauteur. Ses tiges, assez robustes, s’enroulent autour de tout support accessible. Tu peux faire grimper ce haricot remarquable sur un treillis, le long d’un grillage et idéalement à du grillage à moutons aux larges mailles de 12x12cm, car celui-ci permet de passer les mains au travers (c’est plus pratique pour la récolte).
Mais tu peux aussi faire grimper ce haricot aventurier sur des arbres ou des vignes comme on va le voir plus loin. Ses grosses feuilles de forme multilobée sont typiques de la famille des haricots.
Les fleurs, quant à elles, sont blanches, ce qui les distingue clairement des autres haricots d’Espagne qui ont des fleurs de couleur rouge vif ou parfois orangée. Les autres haricots d’Espagne sont eux aussi vivaces, mais ils ne résistent qu’à des gelées de -3°C.
**Haricot d’Espagne
Le haricot orteil du prêcheur, comme son nom l’indique, est vivace par la racine et repart chaque année du pied pendant 5 à 6 ans si bien sur les escargots ou les limaces ne s’acharnent pas à manger toutes les repousses pendant plusieurs semaines d’affilée.
Cependant, Franck a remarqué que les plants issus de semis sont plus vigoureux et plus productifs que ceux qui repartent de la souche. C’est d’ailleurs assez surprenant. Normalement cela devrait être l’inverse vu que son système racinaire est déjà bien établi. Si l’on fait une comparaison avec un plant de chayotte, pour celui-ci, plus le plant sera âgé et plus la plante sera vigoureuse et productive.
2 – Son origine : Un héritage espagnol
L’”Orteil du prêcheur” tire son nom de son histoire, car il est originaire d’Espagne. Il a d’abord été introduit en Europe par des moines prêcheurs qui l’avaient ramené d’Amérique (comme tous les autres haricots d’ailleurs) . Ces moines marchaient en sandales et leur orteils étaient visibles. Or la forme de ces gros haricots rappelait les ongles des orteils de leurs transporteurs. Capable de s’adapter à des conditions plus fraîches que celles de l’Espagne (zone USDA 9 et 10), ce haricot s’est peu à peu propagé jusqu’au nord de l‘Europe. Notamment en France, mais aussi en Belgique, en Hollande et en Angleterre. Si tu es dans une région ou les gelées restent modérées, jusqu’à -7°c, tu pourras le cultiver facilement comme plante vivace grâce à sa racine. Sinon tu la cultiveras comme une annuelle dans les régions plus froides.
3 – Famille botanique : Les Fabacées
Comme tous les haricots, l’Orteil du prêcheur fait partie de la grande famille des Fabacées (anciennement appelées légumineuses) qui fixe l’azote de l’air. Il est donc le cousin des couvre-sol tels que :
- les pois
- les fèves que l’on peut aisément planter aux pieds des arbres à mi-ombre légère
- les cacahuètes
- le fenugrec, qui lui, a besoin de beaucoup de soleil
- des lianes du type des gesses tubéreuses
- l’apios tubéreux, appelée aussi le haricot patate. Celui-ci pousse bien à la mi-ombre
- la glycine (toxique)
- des buissons comme par exemple la réglisse
- le genêt (toxique)
- des arbres comme le févier d’Amérique aux fruits peu intéressants pour nous, mais qui apporte un bon fourrage aux animaux
- le caroubier avec ses gousses délicieuses au goût de chocolat
- le robinier faux acacia (toxique) mais mellifère pour les abeilles et recherché aussi pour son bois imputrescible et sa croissance rapide
- le caraganier de Sibérie aux graines “vaguement” comestibles pour nous, mais intéressantes pour les poules
Ses racines fixent l’azote de l’air
Donc en plus de donner une belle récolte de gros haricots fondants, il sert d’engrais vert et rend la terre plus fertile pour ses voisins.
**Ce sont des semis de haricots vivaces qui ont 3 semaines. On voit bien les nodules (petites boules blanches) qui abritent des azotobacters Rhizobium leguminosarum vivant en symbiose avec les fabacées. Ils échangent l’azote de l’air qu’ils ont rendu liquide, contre le sucre que la plante produit par la photosynthèse. On retrouve le sucre dans tout les êtres vivants et seules les plantes sont capable de le produire. Donc, pas d’azote, pas de sucre, pas de sucre, pas d’azote ! C’est la poule et l’œuf :)
4 – Sa résistance au froid…
Comparé aux autres haricots d’Espagne, il est le plus rustique et supporte des températures descendant jusqu’à -7°C voire -8°C si on mulche bien le sol en automne. Ceci correspond à la zone USDA 9A -3 à -7°C. Dans cette zone, il repoussera chaque année si bien sur les limaces et les escargots ne lui font pas la peau.
Bien évidemment, si tu vis dans une région où les températures descendent encore plus bas, il faudra très bien mulcher ou le cultiver comme une plante annuelle. Mais globalement, il tolère assez bien le froid.
5 – Sexualité et pollinisation
Le haricot “Orteil du prêcheur” est hermaphrodite et autofertile, c’est-à-dire que chaque fleur possède à la fois des organes mâles et femelles et qu’il peut se polliniser tout seul même si on met un seul haricot dans le jardin.
Il est aussi entomophile (ce qui signifier littéralement qu’il est amoureux des insectes pollinisateurs), en particulier des abeilles solitaires et sociales, des bourdons ou des abeilles charpentières comme les xylocopes.
**ici un xylocope qui butine le haricot vivace que Franck a fait grimper sur une vigne
Leur visite de chaque fleur participe à la pollinisation et donc à la formation des haricots. Et si on a des abeilles, on obtiendra aussi du miel, très appréciable sur une période (juillet, aout, septembre) où il n’y a rien d’autre à butiner.
**ici une abeille noire qui butine notre haricot vivace
Cela peut augmenter la productivité des plants de haricots quand on en met beaucoup dans le jardin, car les insectes sont intéressés par la quantité. S’il n’y a pas beaucoup de fleurs, ça les attire moins.
6 – Productivité
Côté productivité, tu peux t’attendre à récolter, en moyenne, entre 1 et 3 kg de haricots secs par pied. Ce sont des d’assez gros haricots, de type “Soissons“, et leur goût fondant est délicieux. Ils sont parfaits pour des soupes, des ragoûts ou un bon cassoulet.
7 – Adaptabilité au sol : Pas de besoins extravagants
Ce haricot n’est pas difficile, il s’accommode de la majorité des sols du moment qu’ils auront été enrichis en humus et bien ameublis.
Il préfère en effet une terre bien drainée et riche en matières organiques. L’idéal étant une terre riche avec un PH de 6.5, mais il s’adapte assez bien aux sols alcalins comme aux sols acides. Si tu as un sol pauvre, rajoute simplement du compost de déchets ménagers ou du compost de fumier pour faire de plus belles récoltes. Pour bien produire, il a besoins d’eau en été. A défaut, il survivra, mais ses productions seront faibles.
8 – Cultiver le haricot orteil du prêcheur en permaculture
Il n’a pas besoin d’une grande surface au sol, car il va s’étendre verticalement, en s’étalant sur plusieurs mètres carrés. Si tu disposes d’un treillis ou de tuteurs, tu peux le laisser grimper tranquillement, et cela maximisera l’espace occupé. De plus, comme l’orteil du prêcheur fixe l’azote, tu n’auras pas à ajouter d’engrais chimiques.
**ici sur du grillage dans une haie à légume vivace en association avec d’autres légumes pérennes qui repartent seuls chaque année, pour offrir de belles “récoltes de fainéants”
**ici dans un poirier en association avec un cyclanthère géant
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9 – Comment le faire germer
C’est assez simple. Premièrement, attends que le sol soit bien réchauffé avant de semer, donc vers la fin du printemps. Tu peux commencer sous serre début mai quand les nuits ont des températures au-dessus de 18°C. L’essentiel est de ne pas semer trop tôt, sinon tes plants risquent de s’emmêler les uns aux autres. tu peux aussi mettre tes haricots dans des grands pots d’un litre avec un tuteur de 80cm.
Si tu préfères semer en pleine terre, attends fin mai ou début juin, lorsque le sol sera bien chaud. Mets de l’espace entre tes graines, environ 5 à 10 cm, et conserve un sol humide jusqu’à la germination. Fais bien attention aux limaces et aux escargots, qui aiment bien grignoter les jeunes pousses. Autant, ils ne tuent pas ceux qui repartent du sol des années précédentes (sauf s’ils s’acharnent) autant une jeune pousse qui sort d’un haricot fraichement semé se fera “zigouiller” en une seule fois.
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10 – Maturité et récolte
C’est dans la période de septembre à octobre que tu pourras récolter tes haricots. Les gousses doivent être bien sèches, donc il faut attendre qu’elles mûrissent complètement avant de les ramasser. Une fois récoltées, laisse-les sécher à l’air libre avant de les stocker dans un endroit frais et sec. En cas de bonne récolte, tu peux les conserver pendant plusieurs mois, voire plus.
11 – Variétés cultivées
Actuellement, il n’existe qu’une seule variété de haricot “Orteil du prêcheur”. Il n’est pas nécessaire de chercher d’autres variétés : une fois que tu as tes graines, tu peux les semer et les récolter d’année en année.
Si tu désires te procurer des graines que Franck multiplie depuis 16 ans dans ses divers jardins, en nous aidant au passage à continuer nos recherches sur les jardins forêt “productifs”, n’hésite pas à acheter le sachet de 12 graines ici.
12 – Plantes compagnes et associations
Le haricot “Orteil du prêcheur” s’entend bien avec d’autres plantes.
Les deux premières qui viennent à l’esprit sont bien sûr le maïs et les courges, pour constituer la fameuse milpa des indiens, mais ce serait, en fait, une association très idiote à tenter.
Premièrement parce que le haricot est vivace et donc l’an prochain, ça risque d’être compliqué de les retrouver. Deuxièmement, selon Franck, la milpa des indiens fonctionne très mal en France, car il ne fait pas assez chaud et la probabilité pour que le maïs soit assez grands pour servir de tueur est faible. De plus, les haricots deviennent généralement rampants et les courges les étouffent. La récolte issue des trois plantes sera souvent dérisoire.
**ici notre haricot magique en association avec des blettes, de la ciboule et deux autres lianes (une chayotte et une ronce sans épines)
**ici une association avec 3 autres plantes – lianes vivaces – que sont la vigne, la courge écarlate et la chayotte
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13 – Où trouver ses graines ?
Tu peux trouver le sachet de 12 graines dans la boutique en ligne de la forêt nourricière et comme cela a été mentionné, tes achats nous aident à continuer les recherches sur les jardins forêt “productifs”. Merci pour ton aide!
Voilà, maintenant tu sais tout sur l’haricot vivace. Si tu veux l’essayer dans ton jardin, tu peux te procurer ses graines ici. Et si tu préfères les contenus visuels, tu peux en apprendre plus grâce aux vidéos Youtube de la Forêt Nourricière.
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