La Mâche : une salade sauvage
Parlons de la mâche sauvage.
Encore connue sous le nom de doucette, rampon, raiponce ou encore salade de blé chez les Belges. Que de noms pour cette petite salade vert foncé connue pour sa douceur, sa simplicité de culture vu qu’elle se resème seul et sa capacité à résister au froid, ce qui en fait une plante précieuse pour le jardin, de l’automne au printemps.
On va voir ensemble comment la cultiver dans le jardin, les associations que l’on peut faire avec et toutes les propriétés de cette petite merveille de dame nature.
1 – Description : une petite salade tapissante
C’est une plante herbacée annuelle. Cela veut dire qu’elle ne fait que du feuillage et qu’elle fait son cycle sur un an, entre le moment où elle pousse et qu’elle donne ses graines. Elle pousse de l’automne au printemps et disparait en été, contrairement à beaucoup de plantes annuelles qui disparaissent en hiver. L’autre chose qu’il faut savoir, c’est qu’elle pousse spontanément dans les bords de chemins, les vignobles et les terrains en friche.
C’est un couvre-sol tapissant qui peut atteindre une hauteur de 10 à 15 cm, et 30 cm quand elle monte à graine. Ses feuilles vert foncé, tendres et arrondies, poussent en hiver et au début du printemps, formant un couvre-sol naturel qui limite l’érosion. Elle s’intègre bien dans le potager en tant que culture hivernale. On peut manger le feuillage tout l’hiver, mais aussi les fleurs qui sont, quant à elles, plus riches en vitamine et oligo élément que les feuilles.
La mâche est riche en vitamines C, E, B9 et en oméga-3. On la mange en salades, plus rarement en potages, car elle donne un goût bizarre à la soupe (une odeur de ville chaussette). Il faut la mettre crue au dernier moment, pour éviter le goût bizarre à la soupe. Ses feuilles sont tendres et sa saveur, douce, sans aucune amertume et avec un goût de noisette très fin.
2 – Origine de la mâche sauvage
Originaire de l’Afrique, de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie, la mâche pousse depuis des millénaires à l’état sauvage en Europe, dans les dunes littorales et continentales, les bords de chemins. Elle a vite trouvé sa place dans les potagers.
Elle est particulièrement appréciée en France, notamment dans les régions aux climats tempérés doux comme celui de Nantes. Sa capacité à se ressemer d’année en année sans intervention en fait une plante idéale pour le jardin en permaculture.
3 – Famille botanique de la mâche
La Valériane
Le Centranthe
La mâche appartient à la famille des Caprifoliaceae (anciennement Valerianaceae) qui comprend une quizaine de genres, dont la Valériane (Valeriana L), la Centranthes (Centranthus) et les mâches (Valerianella). Le genre Valerianella comprend, quant à lui, une cinquantaine d’espèces de mâches, dont la plus connue, la doucette V. locusta. On en a sélectionné beaucoup de cultivars pour la grosseur des feuilles, ou la grosseur des graines qui étant plus grosses, sont plus faciles à semer. Si vous avez déjà pris une tisane de valériane pour dormir, vous devez vous rappeler de cette audeur désagréable de chaussette sale. On va retrouver aussi cette odeur chez la Centranthe quand il a plu, et également chez la mâche quand elle entre en floraison et qu’il fait humide. Parfois on passe dans le jardin et… snif, snif, c’est quoi qui “pue” comme ça ? C’est la mâche qui monte à graine !
Ses graines ou “akènes” tombent naturellement au sol en mai-juin et germent en automne vers le mois de septembre, octobre et novembre quand les pluies reviennent et que les températures descendent en dessous de 15 °C, sans intervention particulière. Avec un bon paillis et un sol bien préparé, tu auras des générations de mâche qui s’auto-renouvellent.
Franck sélectionne une mâche sauvage dans son jardin depuis plus de 15 ans. Ses graines sont en vente sur notre site si tu te sens intéressé.
4 – Rusticité : Résistance au Froid
Une des qualités principales de la mâche, en plus de son goût et de sa capacité à se ressemer seul, c’est sa résistance au froid, jusqu’à des températures de -15°C. C’est une des rares salades d’hiver avec la clayton de Cuba et les chicorées. C’est donc un couvre-sol d’hiver qui disparait en été.
5 – Une plante hermaphrodite autofertile
Les petites fleurs blanches de la mâche sont hermaphrodites “. On retrouve des organes mâles et femelles dans la même fleur” et les fleurs sont pollinisées par des petits insectes butineurs volants tels que les miniabeilles sauvages, les lassiglosses ou des butineurs grimpeurs comme les fourmis.
6 – Une belle récolte par mètre carré
Avec un rendement d’environ 1 kg/m², la mâche offre une production intéressante pour les maraichers. Sa productivité, surtout en hiver, lorsque les légumes-feuilles sont rares, fait d’elle une plante qu’on devrait tous avoir au jardin. Mais il y a une différence entre les mâches cultivées du commerce et la mâche sauvage qui est beaucoup plus débrouillarde et autonome que les variétés sélectionnées.
La mâche sauvage est assez facile à trouver dans la nature, mais presque impossible à trouver en magasin. Franck récupère des graines chaque années de celles qu’il a aclimaté à son jardin et tu peux en trouver des sachets de 50 à 100 graines sur notre site. (C’est celle que tu vois sur les photos en association avec l’ail de ours, l’ail éléphant, etc.)
7 – Le sol parfait pour la mâche
La mâche préfère les sols bien drainés, légèrement enrichis en compost, mais elle s’adapte aux sols alcalin, calcaires, argileux et acide. Cette tolérance lui permet de pousser dans une grande diversité de terrains, mais son sol idéal sera un sol riche en matière organique et frais.
8 – Comment la cultiver en permaculture ?
Ce qu’il faut retenir, c’est que la mâche qui se ressème seule en “permaculture”, ne sera pas très productive sans aucune intervention de notre part, car bien souvent en été, d’autres plantes sauvages prennent sa place et ne lui rendent pas forcément quand vient l’automne.
Elle pousse seule certes, mais au milieu de plein d’autres plantes qui ne sont pas forcément intéressantes. Donc, l’idéal est d’installer, après la floraison de la mâche, des cultures d’été comme des salades, des céleris, des betteraves, etc.. qui vont couvrir le sol entre juin et novembre.
Nos graines de mâche tombées en juin germeront vers octobre ou novembre.
9 – Comment semer la mâche ?
Gare au mulch :
Elle disparaitra si on fait des mulchs (paillage) épais de broyat ou de foin par-dessus les graines qui se sont ressemées naturellement. L’idéal donc, si on met du mulch une fois par an, est de récolter des graines certaines années, pour les ressemer par-dessus le mulch ou bien de ne pas pailler et de faire des amendements en composte et de bien désherber.
*semis de mâche
On sème la mâche d’octobre à février en extérieur dans les régions ou les hivers sont doux et ne descendent pas en dessous de -5°C, et dans les régions plus froides où on la cultivera sous serre.
Astuce : pour des conseils sur les semis, consulte mon livret de semis “Réussir ses semis“ disponible sur La Forêt Nourricière.
10 – Maturité et récolte
La mâche atteint sa maturité approximativement trois mois après le semis. La récolte se fait lorsque les feuilles sont bien développées, juste avant la floraison, moment où la plante garde son goût doux.
Si tu la sèmes de façon successive, tu peux prolonger la saison de récolte de l’automne jusqu’au printemps.
11 – Les variétés de mâche cultivées
La couleur, la taille du feuillage, la taille des graines et la précocité sont les seules différences que l’on fait entre les variétés, qui dans l’ensemble ont le même goût.
Voilà quelques variétés intéressantes :
-
Verte de cambrais : très rustique, à petites graines, semi tardif en septembre ou octobre.
-
Coquille de Louviers : très vielle variété rustique au froid et précoces à petites graines que l’on sème de juillet à fin août pour une récolte d’octobre au printemps.
-
Mâche à grosse graine de hollande : plus facile à récolter les graines et à semer. Particulièrement hâtive (semer en juillet, août pour une récolte en octobre ou novembre) et vigoureuse, qui résiste bien aux maladies telles que la pourriture grise. Elle est également adaptée à une culture sous serre froide.
-
Valeriana : au goût délicat, très rustique et productive.
-
Ronde Maraîchère : très productive et précoce, croissance rapide, elle produit des rosettes serrées de feuilles arrondies. L’une des plus cultivées.
-
Mâche Vit : à croissance rapide, pour des semis successifs.
-
Mâche sauvage de la forêt nourricière : variété sauvage qui se ressème seule dans les divers jardins que j’ai eu depuis 15 ans, que Franck propose en vente en sachet de 50 à 100 graines.
12 – Plantes compagnes et associations
Ici associé à l’ail éléphant et le poireau vivace Ici associée à l’ail des ours
Elle pousse bien avec des plantes compagnes qui vont soit pousser en association de culture en hivers (clayton de cuba, chicoré, chou, poireau vivace, l’ail des ours, l’ail éléphant, etc.), soit avec des plantes qui couvriront le sol en été après sa floraison (salades diverses, betterave, céleris) au pied des vignes ou des ronces sans épines.
En automne, elle se sème aussi dans un sol recouvert de broyat, ce qui limite les mauvaises herbes et favorise une croissance saine. À noter que les mauvaises herbes représentent un très mauvais compagnon pour la mâche.
12 – Où trouver des graines de mâche sauvage ?
Si tu souhaites avoir de la mâche sauvage dans ton jardin, les graines de mâche sauvage sont disponibles sur notre boutique en ligne à La Forêt Nourricière.
Cultiver la mâche, c’est enrichir ton jardin et ta table. Simple à entretenir, résistante et nutritive, elle est un choix parfait pour un potager permaculturel.
Pour en savoir plus sur le jardin en permaculture et sur la culture multi-étage et le jardin forêt “productif”…
Nos formations permaculture
- Pour un stage de 3 jours pour apprendre à concevoir, entretenir et faire fructifier votre verger, votre jardin-forêt ou vos haies fruitières multiétagées, en tenant compte des réalités économiques d’une installation permacole dans le contexte actuel : formation concevoir et entretenir un jardin forêt.
- Pour une formation complète et concrète sur la création d’un projet en permaculture : formation Cours de conception en permaculture.
Nos livres permaculture
- Pour comprendre comment le caroubier et d’autres arbres peuvent être intégrés dans un écosystème productif et durable, tout en répondant aux besoins du sol et des êtres vivants, “Permaculture en climat tempéré“ te guide dans l’observation des processus naturels et leur application au jardin.
-
Quant à l’art de faire germer des plantes vigoureuses, “Réussir ses semis“ t’enseigne les gestes essentiels, de la préparation des graines à leur enracinement, pour accompagner chaque étape du cycle de vie des plantes.
Nos vidéos
- Tu peux en apprendre plus avec les vidéos de Franck disponible sur sa chaîne YouTube.