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Les vignes résistantes aux maladies

Interview de Franck Nathié sur les vignes résistantes aux maladies

(par Léo de la forêt nourricière)

Bonjour !

Aujourd’hui, nous allons vous parler des vignes résistantes aux maladies à intégrer dans des jardins forêt, des haies fruitières ou des jardins bio productifs. Si vous avez déjà des vignes ou si vous projetez de mettre du raisin dans le jardin, il est important de bien les choisir, car toutes les vignes ne sont pas adaptées à la culture biologique. Entre la résistance aux maladies, la vigueur, la résistance au froid, la qualité gustative, la précocité et les associations judicieuses ou non que l’on pourra faire avec la vigne, il y a quelques informations que nous aimerions vous partager pour que votre jardin soit aussi beau que productif et facile d’entretien.

Nous allons voir tout ça dans cet article.

1 – Les critères pour choisir une vigne

Pour bien choisir une vigne, voilà cinq points importants qui permettront de faire de belles récoltes de raisins bio sans trop d’effort :

  • La résistance aux maladies : C’est sans doute le critère le plus important. Une vigne sensible au mildiou ou à l’oïdium implique de traiter, ce qui n’est pas concevable en permaculture et en culture bio, car en plus d’empoisonner le sol, on s’empoisonne soi même.. Il faut donc privilégier les variétés naturellement résistantes pour économiser du temps et de l’argent que l’on aurait consacré à l’application de traitements toxiques (même la “bouillie bordelaise” (cuivre + souffre) que les jardiniers mettent sur les tomates, les pommes de terre et la vigne pour lutter contre le mildiou est un poison très toxique pour les vers de terre et pour nous aussi).
  • La résistance au froid : Si vous habitez une région froide ou en altitude, choisir des variétés de raisin bien rustiques est incontournable.
  • La précocité de la vigne : Dans un jardin forêt, ou si l’emplacement de votre vigne n’est pas en plein soleil, une variété précoce améliorera la maturation du raisin et le taux de sucre.
  • Le goût : Les différentes variétés ont des saveurs très différentes, comme les muscats au goût muscaté, ou les vignes américaines dont le goût dit « foxé » rappelle le parfum de la fraise ou la framboise. Le taux de sucre ou d’acidité influent également sur le gout. De plus, la texture, l’épaisseur de la peau qui peut être fine ou caoutchouteuse, une chair juteuse ou gélatineuse, la quantité de pépins sont des facteurs importants.
  • Un raisin sans pépins si possible : Non seulement c’est plus agréable à manger, mais c’est indispensable pour obtenir des raisins secs (car des raisins secs pleins de pépins, ce sont des crackers sans parler de la toxicité des pépins qui contiennent du cyanure et des métaux lourds)
  • Choisir le porte-greffe en fonction du sol : Si vous êtes dans un sol au PH moyen et dans une région pas trop sèche (PH 5.5 à 7.5) vous pouvez faire des boutures qui pousseront très bien. Dans les sols calcaires, on utilise les porte-greffe Fercal et 41B ; pour les sols argileux, on utilise le SO4.

2 – Un peu d’histoire sur la vigne et le genre Vitis

En Europe, on buvait déjà du vin 3 000 ans avant JC. La vigne Vitis vinifera qui veut dire littéralement liane qui fait du vin” vient du pourtour méditerranéen et du Moyen-Orient. Elle se multipliait naturellement grâce aux semis faits par les oiseaux, les marcottes réalisées quand les rameaux touchaient le sol, et par bouture quand les humains s’aperçurent qu’il était facile de la multiplier comme cela. La vigne d’Europe compte des milliers de cépages millénaires comme les Pinots, Cabernets, Syrahs, Muscats etc…et avant cela des variétés comme le raisin de la terre promise qui est cité dans la bible. Certains plants de vigne avaient plus de 500 ans et leur tronc pouvait atteindre plus d’un mètre de diamètre. Le vin était une monnaie d’échange…

C’était le bon vieux temps, avant que les maladies et parasites du nouveau continent ne débarquent en Europe et en orient.

Vers 1800, on ramenait beaucoup de plantes du nouveau monde, dont les vignes sauvages Vitis Labrusca comme lIsabelle ou des Vitis aestivalis comme le Norton et avec elles, les maladies dont elles étaient porteuses saines. Le mildiou et l’oïdium, deux champignons pathogènes, décimèrent des millions d’hectares de vignoble, mais ne tuaient pas les plants de vignes, seul le feuillage et le raisin étaient touchés. La chimie se développant, on s’aperçut que l’oxyde de cuivre et le souffre (ancêtre de la bouillie bordelaise) tuaient ces deux champignons. Ce n’était pas encore l’hécatombe.

vigne-isabelle**vigne Isabelle

vigne-norton**vigne Norton

raisins-mildiou**raisins touchés par le mildiou

On finit d’achever la vigne ancestrale en important un parasite, le phylloxera, Daktulosphaira vitifoliae un puceron qui suce la sève des racines et tue la plante en 3 ans. De nombreux cépages très anciens disparurent en quelques décennies, car le phylloxera tuait les cépages peu vigoureux, ce qui était le cas de la majorité des vignes Vitis vinifera. Finies les vignes multicentenaires et les ceps d’un mètre de diamètre…

phylloxera**phylloxera

Napoléon III ordonna alors d’éradiquer cette bestiole qui était en train de faire disparaitre le sang du Christ qu’on buvait plus volontiers que l’eau à l’époque. On déversa alors des milliards de litres d’arsenic dans toute la France (le seul pesticide de l’époque avec le cuivre). L’Espagne, l’Italie firent de même. Ceci pollua les sols pour plusieurs siècles, l’arsenic étant un métal lourd, indestructible. Sans pour autant avoir éradiqué la bestiole.

Or en France, quand il n’y a plus de vin, la guerre est proche il fallait trouver une solution!

Dans les conservatoires botaniques, on s’aperçut alors que certaines vignes étaient résistantes à tous ces problèmes (mildiou, oïdium et phylloxera)! Hé oui…, c’étaient elles qui les avaient amenés, si elles n’y avaient pas résisté, elles auraient disparu dans leur pays d’origine. Un peu comme les européens qui résistaient à la grippe pendant que celle-ci décimait les amérindiens.

Napoléon III ordonna alors aux viticulteurs de faire des croisements entre les vignes américaines et la vigne d’Europe et près de 1500 hybrides entre V.vinifer X V.labrusca furent créés dont le fameux Pinard qui donnera son nom au mauvais vin acide qui pique la langue, la piquette. Les cépages comme le Noah, Jacquez, Clinton, Oberlin, Othello, Cunningham furent également plantés dans toute l’Europe.

cépage-noah**Noah

cépage-jacquez**Jacquez

cépage-clinton**Clinton

cépage-oberlin**Oberlin

cépage-othello**Othello

cépage-cunningham**Cunningham

La France était sauvée, le pinard coulait à nouveau à flot dans les chaumières et l’on put continuer à planter des vignobles avec de simples boutures que l’on avait juste à mettre en terre.

Dans les années 30, l’industrie pétrochimique se développa encore davantage et inventa de nouveaux pesticides pour lutter contre l’oïdium et le mildiou. On s’aperçut aussi que l’on pouvait greffer les anciens cépages sur les vignes américaines qui résistaient au phylloxera. Ceci permit de sauver les vieilles variétés et de sauvegarder un vin typiquement européen !

usine-pétrochimique**Usine pétrochimique

Ils allaient pouvoir vendre des pesticides par millions de litres et des portes-greffe par milliards. Mais il y avait un problème : les 1500 hybrides qui apportaient l’autonomie totale aux viticulteurs. Il fallut faire voter une loi interdisant ces cépages à la culture de masse. Une ou deux études prouvant que les hybrides donnaient un vin qui rendait fou et hop la loi était là pour rendre riche à milliards l’industrie pétrochimique et viticole. Les Noah, Jacquez, Clinton, Oberlin, Othello, Cunnigam devinrent alors les fameuses vignes interdites. Si l’on possédait plus de 4 pieds, on était hors la loi !

L’industrie viticole voulant garder la spécificité du vin Français, on interdit l’hybridation et la plantation d’hybrides, mais les Russes, les Américains, les Allemands etc récupérèrent nos 1500 hybrides et continuèrent l’hybridation. De 1940 à aujourd’hui, la France créa juste 5 ou 6 hybrides, les Ampelia® Perdin / Amandin / Candin / Aladin etc… qui s’avérèrent tous assez médiocres en termes de résistance, de goût et de précocité. Les pionniers que nous étions étaient devenus les derniers, par volonté politique.

3 – Les vignes interdites, pourquoi Franck conseille de ne pas en mettre dans votre jardin ?

Ce n’est pas du au fait qu’elles soient interdites à la production professionnelle, ni du fait qu’elles seraient en voie de disparition, de nombreux conservatoires et amateurs se chargeant de les sauvegarder s’il en était besoin.

Le vrai problème, c’est que ces vieux cépages résistants sont aujourd’hui complètement dépassés et obsolètes, car ils produisent des raisins à peau épaisse, leur chair est souvent gélatineuse, peu juteuse et pleine de pépins. De plus, ils sont tardifs et généralement pas très sucrés ni acides. De ce fait, si on n’est pas dans le sud de la France ou si le pied est mal exposé, on a un raisin immangeable. Leur goût “foxé” qui rappelle la fraise ou la framboise possède un arôme assez fort qui ne fait pas toujours l’unanimité (foxé étant un terme péjoratif pour évoquer l’odeur de la pisse de renard) et si l’on aime ce goût, on peut le retrouver dans des variétés bien plus intéressantes et tout aussi résistantes.

Les vignes américaines et les hybrides sont très volubiles et poussent de 5 à 10m chaque année dans toutes les directions. Ceci nécessite donc une taille d’été et d’hiver régulière pour éviter que vos vignes ne prennent le contrôle de tout le jardin et n’envahissent les arbres et le jardin du voisin. Comme pour le kiwi, la vigne implique un « forfait taille » à vie, il est important d’y réfléchir avant d’en mettre une dizaine dans son jardin.

Donc quitte à signer pour un forfait à vie de taille tous les ans, autant que ce soit pour du raisin délicieux.

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apperçu-du-livre**Apperçu du livre Multiplication, taille et ressources variétales

Dans le livre Multiplication, taille et ressources variétales et dans le prochain livre à paraitre « Variétés fruitières » Franck a recensé près de 200 variétés de raisin résistant aux maladies. Certaines sont des vignes américaines pures comme V.labrusca V.aestivalis etc à l’intérêt moindre. De nombreuses autres sont des hybrides de troisième ou quatrième génération qui viennent de Russie, d’Europe de l’Est, de Suisse ou des USA et ont été créés pour leurs qualités multiples de résistance aux maladies, au froid, leur précocité, leur goût ou l’absence de pépins. La collection de Franck compte plus de 80 de ces cépages et il nous indique ceux qu’il trouve vraiment exceptionnels:

Nous vous avons sélectionné trois variétés de chaque couleur. Elles sont savoureuses, résistantes aux maladies, au froid et sans pépins.

Les raisins blancs :

  • Interlaken seedless

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Originaire des USA, c’est un raisin blanc, à grain moyen, sans pépins au goût de fraise, issu du croisement entre Ontario et Thomson seedless. Il a une bonne résistance aux maladies et arrive à maturité début septembre en Mayenne. Vous pouvez commander des boutures du cépage Interlaken seedless sur le site de la Forêt Nourricière, et les plants greffés à la Pépinière des Boarmies.

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Originaire d’Allemagne ou des USA, Lakemont est un hybride sans pépins, résistant aux maladies. Cette variété vigoureuse, avec ses feuilles en forme de cœur, produit des grappes compactes de taille moyenne, grain rond, clairs et sucrés. Son goût non foxé et doux rappelant le chasselas, en fait un excellent raisin de table et sa petite taille de grain est idéale pour faire des raisins secs qui du coup sèchent assez vite. La maturité est atteinte de mi à fin septembre.

Les boutures de la variété Lakemont sont disponibles sur le site de la Forêt Nourricière, et les plants greffés à la Pépinière des Boarmies ainsi qu’aux Jardins d’Olivier.

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Originaire d’Allemagne, Phoenix est une vigne résistante aux maladies, bien qu’un peu sensible à l’oïdium. Elle arrive à maturité début octobre, ou entre mi- et fin septembre en Alsace. Ses grandes grappes arrondies portent des baies légèrement ovales, juteuses, sucrées et au goût agréable. Les raisins peuvent rester longtemps sur pied sans s’altérer. Avec ses grandes feuilles, cette variété est parfaite pour couvrir une pergola tout en offrant de belles récoltes. Les boutures de vigne Phoenix sont disponibles sur le site de la Forêt Nourricière, et les plants greffés à la Pépinière des Boarmies ainsi qu’aux Jardins d’Olivier.

Retrouvez l’ensemble des 76 variétés recensées par Franck Nathié dans son nouveau livre “Variétés fruitières pour des jardin-forêts productifs” disponible en prévente.

Les raisins rosés résistants aux maladies, au froid et sans pépins :

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Issue de sélections modernes réalisées en Europe visant à obtenir des variétés sans pépins adaptées aux climats tempérés, Anja est une liane grimpante qui peut atteindre jusqu’à 10 mètres de hauteur. Elle résiste bien au froid, supportant des températures allant jusqu’à -20°C. Elle produit aussi des raisins roses, ovales et doux, au goût plutôt classique. Avec une productivité moyenne de 6 à 9 kg par pied, elle arrive à maturité entre fin août et début septembre, offrant des fruits parfaits pour une consommation fraîche, en jus, confitures ou pâtisseries. La récolte se fait en septembre, lorsque les raisins atteignent leur pleine maturité. Pour maximiser son développement, Anja s’associe bien avec des couvre-sols comme la sauge, l’ail éléphant, l’origan ou les fraisiers, ainsi qu’avec d’autres lianes comme la chayotte, le cucamelon, le haricot vivace, le kiwi ou le tayberry.

Les boutures de vigne Anja sont disponibles sur le site de la Forêt Nourricière, et les plants greffés à la Pépinière des Boarmies.

Einset

Développée aux États-Unis dans les années 1950 par le Dr. Einset, cette vigne est issue d’un croisement entre Fredonia et Canne, donnant naissance à une variété robuste, résistante aux maladies et produisant des raisins sans pépins. La vigne Einset est une liane vigoureuse pouvant atteindre jusqu’à huit mètres de long et supportant des températures descendant jusqu’à -20°C. Ses raisins roses, à peau fine et de taille moyenne, poussent sur des grappes moyennes et offrent une saveur douce et parfumée, avec des notes de fraise et de fruits rouges. Sa récolte se fait entre fin août et début septembre, avec une production moyenne de 5 à 8 kg par pied. Parfait en consommation fraîche, ce raisin est aussi très bien adapté aux desserts, aux jus, confitures et raisins secs. Mais attention : les fruits ont tendance à tomber facilement une fois mûrs.

Les boutures de vigne résistante Einset sont disponibles sur le site de la Forêt Nourricière et les plants greffés à la pépinière des Boarmies et la petite pépinière de Grégory Faupin.

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Développée aux États-Unis dans les années 1960, Reliance est issue d’un croisement entre plusieurs variétés américaines et européennes. Très rustique, elle résiste au froid jusqu’à -25°C, ce qui en fait un excellent choix pour les régions montagneuses. Cette liane vigoureuse peut atteindre jusqu’à 10 mètres de long et est autofertile. Elle produit des raisins roses, sans pépins, de taille moyenne, regroupés en grappes moyennes à grosses. Sucrés, ils possèdent un léger goût de fraise et tiennent bien sur la grappe, ce qui les rend parfaits pour la consommation fraîche, en jus, en vin ou en raisins secs. La récolte a lieu de fin août à mi-septembre, avec une productivité allant de 5 à 15 kg par pied.

Tu peux trouver des boutures de vigne Reliance sur le site de la Forêt Nourricière, et des plants greffés aux Pépinières Quissac et à la pépinière Bois de Rodebos (il faudra toutefois se déplacer en Belgique parce qu’ils ne font pas de livraison).

Franck a recensé 29 variétés de raisins roses résistants dont 7 sans pépins.

Retrouvez plus de 1600 variétés décrite pour plus de 80 espèces de fruitiers dans le nouveau livre de Franck Nathié “Variétés fruitières pour des jardin-forêts productifs”, c’est la bible du pépiniériste et du designer en permaculture, disponible en prévente.

Les raisins noirs :

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Retrouvée dans la ville de Kempsey et issue de la collection de Martin Crawford, Kempsey Black est une liane vigoureuse pouvant atteindre jusqu’à 8 mètres de long. Très rustique, elle résiste au froid jusqu’à -15°C ainsi qu’aux maladies, bien qu’elle soit sensible à la chlorose en sol très calcaire. Cette vigne hermaphrodite et autofertile produit des raisins noirs à la saveur muscatée, possédant peu de pépins. Ses grappes moyennes à grosses offrent une récolte généreuse, entre 5 et 20 kg par pied, en fonction des conditions de culture. Les fruits arrivent à maturité de mi à fin septembre, ils sont parfaits pour une consommation fraîche, en raisins secs, confiture, jus ou vin.

C’est un raisin que Franck a récupéré de la collection de Matin Crawford en Angleterre. Il est introuvable en pépinière, mais des boutures de vigne Kempsey Black sont disponibles sur le site de la Forêt Nourricière.

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Originaire de Suisse (1930), le Muscat Bleu Garnier est une variété très résistante aux maladies et assez résistante au froid. Elle arrive à maturité mi-août dans le sud de la France, début septembre en Alsace et en Suisse et mi-septembre dans le nord. Ce raisin de table produit de grandes grappes lâches, avec des grains moyens à gros, légèrement ovales, et une chair ferme au goût de muscat. Cependant, il a des pépins. De vigueur moyenne, ses raisins peuvent rester longtemps sur le pied sans s’altérer, développant un subtil arôme de violette. Avec son goût agréable, il est parfait pour les amateurs de raisin frais et se conservant bien.

Les boutures de Muscat bleu Garnier sont en vente sur le site de la Forêt Nourricière, et les plants greffés à la pépinière permacole SCEA Atmosvert et chez « Le Goût des Arbres ».

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Créée aux États-Unis dans les années 1960 par Jim N. Moore à l’Université de l’Arkansas, Venus est issue d’un croisement entre Alden et New York 46000. Cette liane peu vigoureuse (environ 3 m de long) est très rustique et offre un superbe feuillage rouge en automne. Elle supporte des températures descendant jusqu’à -15°C et résiste bien aux maladies, bien qu’elle soit sensible à la chlorose en sol calcaire. Ses raisins noirs, regroupés en petites grappes, ont un goût muscaté intense et une chair sucrée. La récolte a lieu fin août, avec une productivité variant de 5 à 20 kg par pied. Parfait en raisin de table, Venus convient aussi pour la confiture, le jus, le vin ou les raisins secs.

On se procure des boutures du cépage Vénus sur le site de la Forêt Nourricière, et des plants greffés à la pépinière des Boarmies.

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Retrouvée dans le parc du domaine historique de Spetchley Park, une maison familiale de plus de 400 ans, cette variété ancienne fait partie de la collection de Martin Crawford. Très rustique et vigoureuse, elle peut s’étendre jusqu’à 8 mètres de long et résiste bien aux maladies, étant toutefois sensible à la chlorose sur sols alcalins et calcaires. Elle supporte des températures descendant jusqu’à -15°C. Elle produit des raisins noirs sans pépins, à goût muscaté, regroupés en grappes moyennes à grosses. La récolte a lieu de mi-septembre à début octobre, avec une productivité de 5 à 8 kg par pied. Ce raisin est idéal pour être mangé frais, mais aussi en raisins secs, confiture, jus ou vin. Très rare en France, Franck en a récupéré des boutures en Angleterre.

Tu as la possibilité d’acheter des boutures de raisin Spechley park ou des greffons sur le site de la Forêt Nourricière.

Franck a recensé 89 variétés donnant du raisin noir dont 12 sans pépins. Les détails sont disponibles dans son nouveau livre “Variétés fruitières pour des jardin-forêts productifs” actuellement en prévente.

4 – Associer d’autres plantes à la vigne

Dans la nature, les plantes ne sont jamais seules. Elles sont entourées d’amies qui les aident à grandir ou à l’inverse, d’ennemies qui sont en compétition et se nuisent réciproquement ou unilatéralement.

Dans les associations que Franck réalise depuis vingt cinq ans, il y en a eu de bonnes et d’autres qui se sont avérées moins bonnes. Un exemple : planter les vignes aux pieds des arbres et les faire grimper dessus comme le conseillent de nombreux spécialistes des jardins forêt comme Dave Jack aux USA qui avait écrit la bible de jardins forêt dans les années 2000 « Edible forest garden »

ou bien Martin Crawford dans Creating a forest garden en 2008 qui a été traduit en français sous le nom de « La Forêt Jardin »

**version anglaise

**version française

Ou Marc Shepard dans son livre sur l’agriculture régénérative.

Ils donnent tous le même argument : faire une double récolte là où l’on en fait qu’une seule avec un pommier.

De plus, on peut aussi retrouver les cultures de vigne sur peuplier au Portugal au 18ᵉ siècle où chaque année, des villageois mourraient ou s’estropiaient dans une chute de plus de 10m de haut pour tenter une récolte de raisins pas très juteux.

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Je sais bien que maintenant, on fait des hanches en plastique et des exosquelettes, mais il ne sert à rien de tenter le diable. Ou bien, il va falloir inventer des drones avec sécateur et panier de récolte revenant seuls à la maison pour te faire du jus ou des raisins secs, nous dit Franck ironiquement.

Cela peut paraitre être une bonne idée, mais dans les faits, c’est complètement idiot de faire ça pour de très nombreuses raisons.

Voici ses arguments pour ne pas faire grimper les vignes aux arbres :

  1. Cela devient impossible et dangereux de récolter le raisin là où c’est très simple sur un fil.
  2. Tailler la vigne devient extrêmement compliqué et aussi dangereux que la récolte.
  3. La vigne fait chuter les rendements de l’arbre (donc non, tu ne doubles pas ta récolte, c’est même l’inverse).
  4. Elle augmente les maladies cryptogamiques comme la tavelure et le monilia. De ce fait, en plus d’avoir moins de pommes, elles sont toutes tavelées.
  5. Elle étrangle les branches avec ses vrilles, les rendant cassantes et elle fragilise l’arbre.
  6. La vigne devient elle-même plus sensible aux maladies et le raisin plus sensible aux pluies.
  7. Elle devient plus tardive et le raisin moins savoureux.
  8. Le raisin en hauteur est plus petit, moins juteux, la peau plus épaisse et moins sucrée car les grappes sont plus nombreuses et il est plus difficile de faire monter de la sève à 6 ou 10 m de haut qu’à 1.80m.

Le seul cas de figure où Franck conseille de faire grimper une vigne dans un arbre, c’est si vous avez un tout petit jardin et que vous maintenez la vigne à hauteur de sécateur.

5 – Les bonnes associations avec la vigne pour doubler, voire tripler les rendements au m2

L’idéal est de l’associer à des plantes qui ne seront pas trop en compétition avec elle pour la lumière, l’eau ou les nutriments du sol. Ceci doit permettre de faire des récoltes étalées dans la saison et ne pas trop compliquer la taille ou la récolte des unes et des autres. Idéalement, il faut qu’elles soient toutes vivaces et nous donnent des récoltes chaque année sans rien faire, nous dit Franck.

Et c’est là où les associations de culture peuvent devenir du véritable génie végétal et de la phytosociologie productive (vie sociale des plantes que l’on cultive, mange). Mais attention aux associations de cultures que l’on peut trouver dans les blogs de jardinage ou dans les livres. Elles sont souvent plus proche du colportage de généralités charlatanesques que de la recherche botanique et de l’expérimentation concrète.

Franck nous partage quelques-unes de ses observations sur les associations qu’il a faites

  • Associer plusieurs plantes avec la vigne

On peut associer la vigne à un mûrier ronce ou une framboimure, une chayotte ou les trois en même temps. Ces plantes peuvent grimper ensemble sur un fil ou une treille sans trop se gêner. En effet, la vigne, avec sa racine très profonde de plusieurs mètres, n’entre pas en compétition pour l’eau avec les plantes du genre rubus (framboise, mûres et hybrides) qui ne descendent qu’à 1.5 mètre de profondeur ni avec la chayotte qui possède des racines traçantes en surface. De plus, on récoltera les framboimûres en juillet, les mûres en août, la vigne en septembre-octobre, les chayottes en novembre et on pourra manger les pousses de chayotte crues ou cuites de juin à décembre.

Si tu mets au pied du cerfeuil musqué (au gout d’anis sucré) qui donne de juin à décembre, de l’ail éléphant qui, lui, donne une sorte de poireau de janvier à mars et des gousses d’ail en juillet, le tout est de bien gérer les espacements et d’arroser un peu en été s’il y a une canicule ou si on est en région chaude. D’ailleurs, en cas de canicule, la vigne sera d’une aide précieuse aux plantes plus sensibles comme les framboisiers, les groseilles, les ronces, le kiwi et les plantes de la strate en dessous qui supportent souvent mal d’être en plein soleil toute la journée alors que la vigne, de son coté, en a besoin.

Il y a aussi les plantes grimpantes annuelles comme le cucamelon ou le cyclanthère géant qui s’entendent bien avec la vigne tant que celle-ci reste en plein soleil et n’est pas trop étouffée par les autres.

Vous pouvez trouver des graines (ici)

Les haricots, qu’ils soient vivaces comme « l’orteil du prêcheur » ou à rames comme le « Nekargonkin », sont intéressants, car ils fixent l’azote dans le sol, ce qui nourrit la vigne et les autres plantes autour, mais il faudra impérativement les arroser.

Le vrai bonus de ces associations, c’est que tu étales tes récoltes dans le temps sur un même espace. De plus, quand tu arroses un légume comme la blette ou le haricot, tu arroses cinq ou dix plantes en même temps et à chaque mètre de profondeur où s’infiltre l’eau, il y a les racines d’une plante qui récupère cette eau pour te donner des fruits ou des légumes alors que dans un potager classique où les légumes ne descendent pas très profond, l’eau s’infiltre et est perdue.

Pendant que le raisin mûrit, d’autres plantes te donnent déjà leurs fruits ou légumes. Le jardin forêt ou les haies fruitières multi-étagées sont productives toute l’année et on peut arriver à 25kg de fruits et de légumes sur une surface au sol à entretenir de 1 m².

Mais tout n’est pas parfait. Une vigne entourée de trop de plantes pourrait manquer de lumière, ce qui ralentirait la maturation du raisin, ferait chuter le taux de sucre et diminuerait largement la résistance aux maladies. De plus, si elle n’est pas super résistante, elle pourrait être plus vulnérable aux champignons comme le mildiou ou l’oïdium. Donc il ne faut pas trop densifier et garder un œil sur l’équilibre entre les plantes.

Mais comme le dit Franck, il faut savoir rater jovialement, car, « qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser ! »

6 – Résistance aux maladies

Même une vigne réputée résistante peut avoir ses limites, surtout si elle pousse dans un endroit trop ombragé. L’ombre favorise souvent des maladies comme le mildiou ou l’oïdium, en plus de ralentir la maturation des raisins. Alors, place ta vigne dans un endroit stratégique où elle recevra assez de soleil tout en profitant du soutien des plantes compagnes. Un autre facteur de risque est de la laisser devenir très grande. Plus elle s’étend sur des dizaines de mètres, plus les extrémités seront fragiles. Le dernier facteur est le sol, plus il est asphyxié et trop riche en azote et plus la plante se fragilise et devient malade.ligne de division

En résumé

Le secret d’un jardin forêt réussi, c’est l’équilibre. En choisissant des vignes résistantes, précoces et savoureuses, et en les associant à des plantes complémentaires, tu peux créer un écosystème riche et productif. Mais attention, évite les variétés obsolètes et réfléchis bien à l’emplacement de ta vigne pour qu’elle profite pleinement des ressources disponibles.

Tu peux en apprendre plus avec les vidéos Youtube de la Forêt Nourricière. N’hésite pas à y faire un tour, à mettre un pouce, à t’abonner, à partager, à faire un don sur Tipeee ou à nous acheter un livre, des graines, des boutures de vignes. C’est grâce à cela que la forêt nourricière perdure depuis 2011 et partage toutes ses recherches et découvertes pour construire un monde plus écologique et abondant.

A la prochaine pour un nouvel article!

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