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Le calendrier du potager et du jardin-forêt mois par mois : janvier
L’hiver est là ! Prêts à découvrir les travaux à faire en janvier au jardin-forêt ? C’est parti !
Une récolte du mois de janvier au jardin-forêt de Simplé en Mayenne (patience, la photo de récolte globale du mois de janvier est bientôt là !)
La question du mois : tailler ou ne pas tailler ses arbres fruitiers ?
Dans la nature, les arbres ne sont pas taillés, disent certains. Et pourtant, les arbres subissent des “tailles naturelles” : tempêtes et pluies verglaçantes, où les petits rameaux se cassent ; rameaux qui se retrouvent à l’ombre du feuillage et pourrissent ; intervention des chevreuils, des biches et des lapins qui se régalent des bourgeons, …
Bien souvent, les ayatollahs de la permaculture “sauvage” ou de l’approche Fukuoka estiment qu’en permaculture, il ne faut pas tailler les arbres, que cela les fait souffrir.
À l’inverse, les jardiniers aux méthodes de culture plus classiques s’indignent si vous ne taillez pas chaque année vos arbres fruitiers. Qui n’a pas déjà entendu ” Tu n’as pas taillé ton pêcher cet hiver ? Tu n’auras jamais de gros fruits cette année ! ” ?
Alors, pour ou contre la taille des arbres fruitiers ?
On vous donne une réponse de normand (ou de permaculteur avisé !) : ” Ben ça dépend du contexte “.
1 – Ne pas tailler ses arbres fruitiers : avantages et inconvénients
Voici quelques éléments de réponse, pour faire votre choix.
a – Ne pas tailler ses fruitiers : les avantages
- L’avantage principal, et non des moindres : vous vous libérez du temps ! Le temps de taille bien sûr, mais aussi le temps de recherche sur comment tailler selon les variétés de fruitiers…
- Les branches ne cassent pas sous le poids des fruits (pas de bois mort à cœur).
- Vos arbres vivent plus vieux (jusqu’à 200 ans pour les pommiers et les poiriers).
- Vous n’avez pas besoin de grandes connaissances en arboriculture (sauf pour gérer l’espacement de vos arbres).
- Vous offrez une protection naturelle à vos arbres contre les chevreuils, cerfs, lapins, grâce aux branches basses qui leur en empêchent l’accès.
- Vos arbres accueillent dans leurs centres des auxiliaires du potager (troglodytes, rouges-gorges, mésanges, …).
b – Ne pas tailler ses fruitiers : les inconvénients
- Vos arbres vont produire beaucoup de petits, voire très petits fruits. Cela les rend moins aptes à se conserver.
- L’alternance entre années à fruits et années sans fruits sera plus forte. Augmenter et varier le nombre d’espèces vous permettra cependant de compenser cette difficulté, et de vous assurer d’avoir toujours une production.
- Vous enrichissez moins votre sol. Les résidus de la taille peuvent être broyés et installés directement sur votre sol : un fertilisant efficace, local et gratuit. En ne taillant pas, vous n’avez pas accès à ces précieuses ressources.
- L’humidité et l’ombre des ramures, plus denses et touffues, peuvent augmenter les maladies fongiques, comme la tavelure et la moniliose, qui aiment l’humidité.
- Les branches taillées sont une porte d’entrée aux chancres fongiques, ces maladies qui nécrosent les branches (issues de champignons). Cela dit, d’autres chancres d’origine bactérienne peuvent s’attaquer à vos branches, même si vous ne taillez pas ! L’idée est de choisir au départ des variétés résistantes au chancre. Pour en savoir plus sur les variétés résistantes, retrouvez le livre Multiplication taille et Ressources variétales par Franck Nathié.
- L’accès à l’arbre peut être plus difficile : il est plus haut, plus ramifié et prend plus de place. Cela complique la récolte, le passage, la gestion de l’ombre et de la lumière.
Mais au fait, à quoi ressemblent des arbres fruitiers non taillés ?
Vous voyez sur l’image de droite la forme d’un pommier Reine des reinettes d’une quinzaine d’années qui n’a jamais subi de coups de sécateur.
Il a un port très élancé (érigé), et sa ramure basse complique la récolte. Bien souvent des ronces et d’autres arbres vont s’installer (ici un petit cerisier) qui risquent de l’évincer à terme.
Donc la question à se poser n’est pas si vous devez tailler ou non, mais surtout : ” Est-ce que j’ai le temps de le faire ? ” et ” Quel est mon objectif ? “.
- Souhaitez-vous pouvoir récolter facilement les fruits, ou aimez-vous grimper dans les arbres pour vos cueillettes ?
- Voulez-vous un jardin bien propre, ou une friche touffue et variée ?
- Préférez-vous avoir moins de fruits, mais plus gros et sucrés (à croquer), ou de nombreux petits fruits mais plus petits (pour préparer des confitures ou des compotes) ?
À vous de trouver votre réponse !
Autre aspect à prendre en compte : certains arbres ne supportent pas la taille, comme les noyers et les asiminiers, qui vont avoir une fuite de sève pendant des semaines.
Les kiwis préféreront être taillés d’octobre à décembre. Si vous les taillez en février-mars, en général ils vont perdre énormément de sève (pendant plusieurs jours voire semaines, à chaque endroit taillé). Autant de ressources en moins pour la plante, et donc pour vos futurs fruits.
Le genre Prunus (prunier, cerisier, abricotier, pêcher, etc.) développe de la gomme pour essayer de cicatriser ses plaies. La taille réduit leur temps de vie.
De son côté, Franck ne taille jamais les Prunus car ils produisent bien sans taille. En revanche, il taille les pommiers et poiriers nains dans les haies fruitières, pour augmenter la fructification. Cela lui permet aussi de faire grimper des haricots vivaces, des tomates et des cornichons sauteurs dedans en été.
2 – J’ai choisi de tailler : comment faire ?
Il existe trois grands types de taille.
a – La taille de conduite
Elle se fait durant les trois premières années.
Elle consiste à donner la forme que l’on souhaite à l’arbre.
Ici on peut voir l’évolution d’un pommier qui resterait sur son port naturel. Il aura tendance à densifier sa ramure d’année en année. Il va produire beaucoup de petit fruits en alternance une année sur deux, au lieu de produire des gros fruits tous les ans, mais en moins grande quantité que si on le taille et qu’on lui donne un port plus aéré (voir dessin suivant).
b – La taille de fructification
L’objectif de la taille de fructification est de réguler le nombre de rameaux fruitiers, pour réduire le nombre de fruits. Ils seront ainsi plus gros.
Cette taille permet d’éviter l’alternance qui fait qu’une année, il y a beaucoup de fruits et la suivante très peu.
Il existe beaucoup de méthodes de taille de fructification, plus ou moins respectueuses du port naturel de l’arbre et de ses besoins. Dans le dessin ci-dessous, on voit la méthode mise au point par Jean-Marie Lespinasse, qui est actuellement la méthode de taille utilisée dans la majorité des vergers bio. Retrouvez dans le livre Multiplication taille et Ressources variétales toutes les astuces de Franck pour la taille de fructification.
Méthode de taille mise au point par Jean-Marie Lespinasse
c – La taille de rajeunissement
La taille de rajeunissement permet de redonner un coup de jeune à l’arbre en retirant tout le bois mort et en réduisant le nombre de branches charpentières. La sève aura ainsi moins de rameaux à alimenter. Cela aura pour effet de redynamiser la pousse.
Ici on voit l’arbre, avant et après la taille
Taillez votre vigne en janvier !
De janvier à mars, c’est la période idéale pour faire la taille de fructification de la vigne. Cette liane est très vigoureuse : une bonne coupe d’hiver vous permettra de moins tailler quand elle développera ses nouveaux rameaux.
Voici la technique de Franck, que vous pouvez retrouver en image dans la vidéo Taille de la vigne – Haie multi-étagée
Le raisin pousse sur le bois de l’année, pas sur les rameaux datant de trois à quatre ans. C’est donc sur les rameaux poussés en 2023 que vous allez effectuer votre taille de fructification.
Gardez le rameau le plus long pour le tresser sur votre structure : ce sera votre futur cordon.
Ne laissez ensuite qu’un à deux bourgeons maximum par rameau. En effet, chaque bourgeon va donner dix branches, donc dix nouveaux rameaux ! (et plus il y a de rameaux, plus la sève doit se diviser pour tous les alimenter. Vos grappes seront donc plus petites).
Une deuxième taille de fructification, appelée aussi “pincement”, sera utile en mai-juin. Elle consiste à couper les nouveaux rameaux après la formation de la deuxième grappe. Ainsi la sève nourrira les raisins et non les branches (à faire 2 fois par an en moyenne).
Les travaux au jardin au mois de janvier
Semer, planter, récolter, entretenir… Tous les travaux à réaliser au jardin-forêt en janvier sont à retrouver dans cette rubrique !
1 – Les semis du mois de janvier
En serre froide ou sous châssis, vous pouvez semer des carottes, chou-fleur, fève, laitues, navets ou encore poireaux.
Il est temps aussi, si vous ne l’avez pas encore fait, de vernaliser vos noix et noyaux de fruitiers dans des pots en terre remplis de sable humide. Pour en savoir plus sur cette technique, lisez l’article de décembre.
Germe d’un noyau de pêche vernalisé
2 – Repiquer et planter en janvier
Planter les arbres en janvier ?
Vous vous posez la question de planter des arbres en janvier ? Il commence à être un peu tard, l’idéal aurait été de les planter en novembre pour profiter de la descente de sève (pour rappel, 85% du système racinaire se développe d’octobre à décembre, quand la sève redescend).
Si vous souhaitez tout de même planter en janvier des arbres à racines nues, évitez de le faire s’il gèle ou que le sol est gelé : les racines risquent de mourir. Pour protéger votre sol du froid, pensez à faire un gros mulch de vos plates-bandes avec du broyat.
Vous pouvez aussi commencer à planter sur place vos fraisiers, oignons, bulbes tubercules et racines.
3 – Récolter en janvier au jardin-forêt
Les récoltes continuent au jardin-forêt de Simplé en Mayenne ! Voici un petit aperçu des récoltes faites par Franck en ce début janvier.
Une récolte du mois de janvier au jardin-forêt de Simplé en Mayenne (patience, le mois de janvier est bientôt là !)
a – Les légumes du mois de janvier
Dans le panier ce mois-ci :
Ail éléphant (en poireau), Apios tubéreuse, Bette, Betterave, Carotte, Chervis racine, Chicorée frisée et scarole, Crosne, Choux (rave, chinois, Bruxelles, pommé), Endive, Épinard, Mâche, Oca, Panais, Persil (climat doux), Pomme de terre, Plantain corne de cerf, Poireaux commun et vivace, Salades d’hiver, Salsifis, Scorsonère, Topinambour, Yakon.
Retrouvez toutes les infos sur les récoltes du moment dans le calendrier perpétuel.
Une récolte du mois de janvier au jardin-forêt de Simplé en Mayenne (patience, le mois de janvier est bientôt là !)
b - Les fruits du mois de janvier
Dans le panier ce mois-ci : Agrume rustique et Passiflore (en zone littorale).
4 - Multiplier ses végétaux en janvier
Il est encore temps de préparer vos boutures de patate douce. Comment ? Lisez l'article de décembre et la vidéo de Franck Faire des Patates douces géantes en permaculture pour découvrir les étapes pas à pas.
Boutures de patates douces ayant fait leurs racines, prêtes à être plantées
Si vous avez prévu de greffer des arbres fruitiers d'ici quelques semaines, vous pouvez commencer à prélever des greffons et les stocker dans du sable ou dans un récipient au frigo (pommier, poirier, cognassier, néflier, …).
Préparation de greffon de châtaigner
5 - Entretenir : comment protéger un arbre qu'on vient de planter ?
Vos jeunes arbres subissent les attaques des chevreuils, lapins, biches, cerfs… qui se régalent de leurs écorces ?
Dans la nature, les arbres sauvages développent des protections naturelles contre ces prédateurs. Ils ont en effet des rameaux bas, qui ont deux avantages : les chevreuils les mangent en premier, laissant les autres se développer ; il est plus difficile de s'approcher pour grignoter l'écorce sur un tronc ramifié.
Mais si vous taillez vos arbres, ces rameaux bas ne sont plus là. Alors comment protéger efficacement vos jeunes plantations ?
Découvrez dans cette vidéo Les astuces de Franck pour protéger vos arbres à moindre coût !
Il est possible d'acheter des manchons dans le commerce, mais cela revient vite cher.
Alors pourquoi ne pas utiliser des éléments répulsifs naturels, récupérés dans votre jardin ou dans la nature ?
Vous pouvez par exemple prendre des morceaux de ronces, d'aubépines, et les fixer autour de votre tronc (à la verticale, ou en les tressant si elles sont plus fines). Attention à ce que les tiges ne touchent pas le sol : sinon elles prennent racine et s'installent ! Nouez une ficelle autour de l'ensemble pour le fixer le long du tronc. Voici une protection physique efficace et durable : trop piquante pour un museau de chevreuil ! Par contre, pensez aux gants …
Autre méthode basée sur la répulsion olfactive : mélanger bouse de vache, huile de lin et sable à lapin (ou sablon), et l'appliquer joyeusement sur votre tronc. C'est une triple protection : l'odeur des excréments puis l'huile de lin sont tous les deux repoussants, et protection finale, le sable qui crisse sous les dents de ceux qui s'y risqueraient une fois l'odeur atténuée (après un an environ). Attention, méthode très odorante !
Bon mois de janvier à tous et rendez-vous dans l'article du mois de février pour découvrir les nouvelles espèces à semer, repiquer, récolter, multiplier et entretenir !
Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !
Marion Dehay, membre active de la Forêt Nourricière
Calendrier perpétuel du jardin-forêt productif
Offrez à vos proches un an de sérénité au jardin avec le calendrier perpétuel du potager et du jardin-forêt !
Pas toujours évident de savoir quoi faire au jardin, et à quel moment.
Retrouvez toutes les informations mois par mois pour savoir quoi semer, repiquer, récolter, tailler, multiplier, entretenir.
Avoir en un coup d'œil l’ensemble des travaux au jardin, c’est possible ! Le calendrier perpétuel du potager et du jardin-forêt condense vingt ans de recherches et d’expériences de terrain en un seul support.
Pour en savoir plus…
Nos formations
- Pour une formation complète et concrète sur la création d’un projet en permaculture : formation Cours de conception en permaculture
- Pour un stage de 3 jours pour apprendre à concevoir, entretenir et faire fructifier votre verger, votre jardin-forêt ou vos haies fruitières multiétagées, en tenant compte des réalités économiques d’une installation permacole dans le contexte actuel : formation concevoir et entretenir un jardin forêt
Nos livres
- Pour découvrir toutes les bases pour comprendre la phytosociologie des plantes alimentaires et concevoir son jardin et ses systèmes de culture multi-étagés : Livre Créer un jardin-forêt comestible, aux éditions Larousse.
- Pour connaître les fruitiers résistants et leurs pollinisateurs, pour créer l’abondance à moindre coût : Livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales.
- Pour créer l’abondance pour tout ce qui vit, et combler les besoins des êtres qui vont « habiter » le design en s’inspirant de la nature et des modèles naturels : Guide de conception en permaculture.
- Pour savoir ce qu’il y a à faire mois par mois au potager, haies fruitières
et au jardin forêt : Notre calendrier du jardin foret