Partagez cet article
Le calendrier du potager et du jardin-forêt mois par mois : mars
L’hiver se termine ! Prêts à découvrir les travaux à faire en mars au jardin-forêt ? C’est parti !
Une récolte du mois de mars au jardin-forêt de Simplé en Mayenne
La question du mois : comment greffer ses arbres fruitiers ?
1 – C’est quoi greffer et pourquoi le faire ?
Greffer, c’est venir accrocher une partie d’une plante (greffon) sur une autre (le porte-greffe).
La greffe est intéressante pour plusieurs raisons :
- Elle assure que la qualité du fruit soit identique au plant mère. Si vous faites par exemple un semis de pépin de pomme Reine des reinettes, vous risquez d’avoir un croisement entre la pomme Reine des reinettes et un autre pommier (la pollinisation de la fleur qui pourrait venir d’un autre pommier). Vous risquez d’obtenir de petites pommes vertes et acides, au lieu d’une grosse pomme jaune et juteuse. Avec une greffe en revanche, vous êtes sûr de la variété que vous récolterez.
- Elle accélère la mise à fruits : un semis pourrait donner des fruits au bout de 7 ou 8 ans (tout en donnant des fruits hasardeux), alors qu’il suffit de 2 à 5 ans avec une greffe.
- Elle permet de contrôler le port de votre arbre : vous pouvez choisir un porte-greffe qui donnera un grand arbre vigoureux, ou à l’inverse un porte-greffe nanisant pour obtenir de petits arbres.
- Elle offre une adaptation maximale à votre sol : il existe une multitude de variétés de porte-greffes adaptés à tous types de sols : calcaire, acide, drainant ou lourd. À vous de choisir le plus adapté à votre contexte.
- Elle permet de sauvegarder des variétés anciennes aux qualités particulières : goût ou résistance aux maladies.
2 – Qu’est-ce qu’un greffon et quand le prélever ?
Un greffon est un rameau qui a poussé dans l’année. Vous pouvez reconnaître le bois de l’année au bois de 2 ans, car des petites stries séparent chaque portion.
En général, les greffons sont prélevés en décembre ou janvier, de préférence les plus longs et droits, au centre de l’arbre. Leur diamètre : 8 mm à 1,2 cm, soit la taille d’un marqueur grosso modo…
Ils doivent être stockés au froid : soit dans un vase rempli d’eau au réfrigérateur, soit enterrés dans du sable au pied d’un mur orienté au Nord. L’avantage du réfrigérateur, c’est que vous pourrez les conserver beaucoup plus longtemps pour ensuite les greffer de mars à juin.
Pour les greffons stockés en extérieur dans du sable, la greffe doit se faire en mars, car la chaleur déclenche l’ouverture des bourgeons.
Il est impératif de créer un décalage entre le greffon et le porte-greffe : le greffon doit rester endormi alors que le porte-greffe est réveillé et fait circuler sa sève. Cela laisse le temps à la cicatrisation de se faire : il faut compter pour une bonne cicatrisation entre 15 jours à 3 semaines.
Si le greffon se réveille avant que la connexion soit bien faite, il va se dessécher.
3 – Comment réussir une greffe ?
Pour que la greffe prenne bien, il faut être un peu plombier : la connexion de la tuyauterie de la plante doit être bien faite !
a – Comment fonctionne l’arbre ?
Un peu de théorie s’impose pour bien comprendre la circulation de la sève dans un arbre.
Si vous grattez la partie supérieure de l’écorce d’un arbre, le liège, vous trouverez une partie verte, qui s’appelle le phloème. C’est dans le phloème que la sève redescend vers les racines, une fois que la photosynthèse s’est faite dans les feuilles (on parle de sève élaborée).
En arrachant une partie de l’écorce plus profonde, vous trouverez le bois vivant, qui s’appelle le xylème. C’est dans le xylème que la sève monte vers le haut de l’arbre (on parle de sève brute).
Entre le phloème et le xylème se trouve le cambium. C’est cette partie, interface entre l’écorce et le bois, qui est essentielle pour réussir une greffe. Les cambium du greffon et du porte-greffe vont devoir être placés bien en face l’un de l’autre, pour que les sèves brutes et élaborées retrouvent leur sens de circulation.
Le cambium, entre l’écorce et le bois
La sève du porte-greffe qui monte dans le bois du rameau (sève brute) sera ainsi connectée à la partie bois du greffon.
Et la sève du greffon qui redescend par le dessous de l’écorce (sève élaborée) sera connectée au-dessous de l’écorce du porte-greffe.
b – C’est possible de greffer avec deux diamètres différents ?
Si porte-greffe et greffon ont un diamètre différent, le porte-greffe doit être de diamètre supérieur au greffon. Dans ces cas-là, le greffon doit être installé sur un côté du porte-greffe, de sorte qu’il y ait au moins un côté où les cambiums soient bien en face l’un de l’autre.
Peu importe l’épaisseur de l’écorce, ce sont les cambium qui sont importants.
En général, on va greffer le plus bas possible pour que la sève aille au greffon et qu’il n’y ait pas de rejet de la plante initiale (porte-greffe).
La méthode de Franck pour greffer du bois de 2 ans avec le bourgeon directeur (alors que tout le monde dit qu’il ne faut pas le faire)
Dans toutes les méthodes de greffage, il est dit qu’il faut greffer du bois de l’année, que l’on doit greffer 2 ou 3 bourgeons seulement par portion, et que le greffon doit être un rameau de l’année précédente.
Il y a des raisons à cela : ces méthodes de greffage sont faites pour les professionnels !
Ils utilisent des porte-greffes jeunes, qui bien souvent ont été plantés l’année précédente.
Ils n’y greffent que des petites portions de 3 bourgeons, de manière à rentabiliser et à pouvoir faire beaucoup d’arbres à partir d’un seul greffon. Un rameau complet greffé sur ce petit porte-greffe au système racinaire faible l’épuiserait. La greffe ne prendrait pas.
Pire, si vous greffez des rameaux complets avec le bourgeon apical (bourgeon directeur en haut de branche) : il sont trop gourmands en sève.
Et encore pire avec du bois de 2 ans : il n’y aura pas de bourgeon directeur à bois, mais seulement des bourgeons à fleurs et à feuilles.
Greffon avec du bois de 2 ans
Et pourtant, Franck le fait depuis plus de 10 ans avec des résultats parfois exceptionnels !
La méthode de Franck :
- Prélever un rameau complet bien vigoureux, qui peut faire de 50 cm à 1 m de long.
- Choisir un porte-greffe bien enraciné, il y a au moins 3 ou 4 ans. Il peut être issu d’un semis, pousser spontanément, ou être un rejet d’un arbre cassé par une tempête.
- Faire une greffe en fente : le biseau et la fente feront au moins 10 cm chacun, de sorte qu’il y ait une grosse surface de contact.
- Après avoir inséré le greffon dans la fente, étanchéifier la greffe avec du scotch (si le porte-greffe a un petit diamètre de 1 à 2,5 cm) ou du mastic à greffer (pour les diamètres plus gros).
Fente d’au moins 10 cm sur le porte-greffe
Taille du biseau d’au moins 10 cm sur le greffon
Ligature avec du scotch pour les petits diamètres
Finition de la ligature avec du scotch
Quand Franck est arrivé à Simplé, il a greffé plusieurs arbres avec cette méthode.
Il a notamment utilisé un rameau d’environ 1 m 20, qui comportait du bois de 2 ans. Dès la 1ère année, le bourgeon apical est monté à 2 m 80 et chaque petit dard (presque une dizaine) a fait des pousses d’environ 1 m !
Plus de 12 m de pousse globale en un an, sans avoir à retirer aucun rejet du porte-greffe !
C’est totalement impossible pour un greffeur en pépinière. Avoir une croissance aussi importante sans avoir aucun coup de sécateur à mettre dans la saison, cela n’arrive pas. En général, il faut ébourgeonner le porte-greffe et tailler ses rejets au moins 4 à 5 fois dans la saison après le greffage.
Cela prend beaucoup de temps et demande beaucoup d’attention, car si ce n’est pas fait, le porte-greffe alimentera ses propres rameaux et la sève n’ira pas dans le greffon.
Trois ans après, en laissant faire la nature, Franck avait un bel arbre au port complètement naturel.
Pommier greffé avec un port naturel, trois ans après la greffe
Pourquoi cela a aussi bien marché ? Simplement parce que le porte-greffe était déjà bien installé et produisait beaucoup de sève. Un rameau immense peut pomper toute la sève d’un porte-greffe vigoureux. Il faut en effet que le système racinaire proportionnel au feuillage d’un arbre.
Si au lieu de greffer un grand rameau avec des bourgeons apicaux très gourmands en sève brute, Franck avait simplement greffé un petit greffon à 3 bourgeons, ils n’auraient jamais pu fournir en sève élaborée un aussi gros système racinaire. Le porte-greffe aurait fait des rejets et cherché désespérément à produire du feuillage pour survivre.
Si Franck avait suivi les conseils, trouvés dans les livres, de tailler ces rejets, il aurait simplement fait mourir ce gros système racinaire.
Au lieu de cela, cerise sur le gâteau : l’arbre a fait des pommes l’année suivant la greffe !
Petites pommes en formation sur un pommier greffé avec la méthode révolutionnaire de Franck Nathié, au bout d’un an seulement !
Comme quoi sortir des sentiers battus et savoir rater jovialement peut nous faire découvrir des choses géniales !
Cette méthode de greffe aussi simple que révolutionnaire n’est expliquée dans aucun livre et aucun traité de greffage classique.
Mais vous pouvez retrouver toute cette méthode dans le livre de Franck Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales.
4 – Comment choisir son porte greffe ?
Comme expliqué ci-dessus, les porte-greffes donnent des tailles et des morphologies différentes aux arbres. En fonction de si vous voulez avoir des arbres nains ou géants, du type de sol que vous avez (lourd, léger, riche, pauvre, acide, alcalin, etc.), vous pouvez choisir des porte-greffe adaptés à chaque espèce.
Retrouvez toute les informations pour faire vos choix dans le livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales.
Tableau des porte-greffe extrait du livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales
5 – Quelles sont les techniques de greffe ?
Il existe de nombreuses techniques de greffe : greffe de bourgeons (chip budding, écusson qu’on utilise souvent pour les pêchers), à l’anglaise, en fente, en couronne, en incrustation.
Franck pour sa part utilise la greffe à l’anglaise quand le porte-greffe et le greffon ont le même diamètre. Pour tous les autres cas de figure, il utilise la greffe en fente, même s’il doit fendre le porte-greffe avec une hache (voir la vidéo à partir de 9 min, méthode expliquée ici au mois d’avril).
Les travaux au jardin au mois de mars
Semer, planter, récolter, entretenir… Tous les travaux à réaliser au jardin-forêt en mars sont à retrouver dans cette rubrique !
1 – Les semis du mois de mars
Vous pouvez commencer à semer les plantes qui résistent aux petites gelées directement en place : bettes, betteraves, carottes, choux, fèves, navets, oignons, panais, poireaux, pois, salades.
En revanche pour les plantes originaires de pays plus chauds, semez-les à l’abri, sous serre, châssis, ou en intérieur.
Vous pouvez en mars préparer vos semis d’aubergine, concombres, cornichons, melons, piments, poivrons, radis et tomates. Mais rien ne sert de courir : vos semis, bien à l’abri, vont vite germer et développer un plant. Si vous avez semé trop tôt, vos tomates risquent de devoir patienter plusieurs semaines avant d’être repiquées en pleine terre. Il est en effet conseillé d’attendre les Saints de glace, à la mi-mai, pour être sûr qu’aucune gelée ne les abîme…
Vos plants vont devoir attendre, dans leur pot avec un espace insuffisant, et risquent de s’affaiblir.
Franck conseille donc d’attendre un peu : vos semis de tomates, courges, etc. peuvent attendre fin mars – début avril sans souci. Il leur faut seulement 6 à 8 semaines, selon les espèces, pour être prêtes.
Premiers semis (Source : Freepik)
2 – Repiquer et planter en mars
Nous sommes toujours en période de froid : adaptons nos plantations ! Les espèces s’y prêtant bien sont les bulbes, tubercules et racines : ails, oignons, échalotes et ciboules, aromatiques, mais aussi fraisiers et framboisiers.
Plantations au jardin-forêt en mars
Plants de pommier du Kazakhstan
Marcotte de Tayberry, prête à être plantée
Vous pouvez aussi repiquer les noyaux que vous avez vernalisés les mois précédents (voir article du mois de décembre).
3 – Récolter en mars au jardin-forêt
Les récoltes continuent au jardin-forêt de Simplé en Mayenne ! Voici un petit aperçu des récoltes faites par Franck en ce début mars.
Une récolte du mois de mars au jardin-forêt de Simplé en Mayenne
Dans le panier ce mois-ci : poireaux, betteraves, céleris, poires de terre, oseille sanguine, endives, salades variées, choux, ails, crosnes, oignons, topinambours…
Récolte de poires de terre (yakon)
Récolte d’oseille sanguine
Franck récolte également des champignons médicinaux, notamment le Polypore versicolor, ou Tramète versicolore ou encore queue de dinde.
Ce champignon pousse sur les bois morts car il s’en nourrit. On le trouve facilement en forêt.
Très populaire en Asie, c’est un très puissant antitumoral, antiviral, antibactérien et antiinfectieux. Il se prend en tisane, en l’utilisant sous forme de poudre. Ses propriétés sont assez proches du champignon reishi, ou Ganoderma, dont le prix est très élevé.
Polypore versicolor, ou Tramète versicolore ou encore queue de dinde
La seule contrainte est de bien faire attention à l’origine du bois sur lequel on le prélève. En effet les champignons concentrent les métaux lourds s’ils ont poussé sur un support en contenant. A ne pas prélever donc sur des platanes de ville, sur des arbres qui poussent au bord des routes ou sur des planches de bois dont vous ne connaissez pas l’origine. Sinon vous risquez d’ingérer ces métaux.
En revanche, quand il pousse sur du bois prélevé en forêt, il n’y a pas de danger.
4 – Multiplier ses végétaux en mars
Comme expliqué plus haut, vous pouvez commencer à greffer vos arbres fruitiers au mois de mars. À cette période, les greffes qui prennent le plus facilement sont celles de fruits à pépins : cognassier, nashi, néflier, pommier ou poirier. Patientez jusqu’à la fin d’été pour les fruits à noyaux (abricotier, amandier, cerisier, prunier, …).
5 – Entretenir
Il est encore temps début mars de tailler vos arbres fruitiers nains, mais aussi vos lianes (vigne, kiwi). Attention cependant, si vous attendez trop ces dernières risquent des écoulements de sève importants.
Pour en savoir plus sur la taille, lisez l’article de janvier.
Bon mois de mars à tous et rendez-vous dans l’article du mois d’avril pour découvrir les nouvelles espèces à semer, repiquer, récolter, multiplier et entretenir !
Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !
Marion Dehay, membre active de la Forêt Nourricière
Pour en savoir plus…
Vous aimeriez produire vos plantes pour faire des économies, savoir greffer, tailler etc…. Mais tout cela vous parait compliqué ?
- Vous voulez créer votre jardin, mais dépenser des fortunes dans les plantes ne vous enchante pas ?
- Vous aimeriez savoir produire les plantes pour votre jardin, pour les vendre ?
- Vous aimeriez savoir si l’on doit tailler les arbres, et les lianes fruitières et si oui comment ?
- Vous voulez comprendre les clés pour que votre jardin soit fertile et productif chaque année ?
- Vous aimeriez apprendre des méthodes de greffage que Franck Nathié a mis au point pour gagner un temps fou et avoir des fruits au bout de 2 ans
- Vous aimeriez savoir semer vos arbres fruitiers et connaître déjà à l’avance si les fruits seront bons et gros ? (connaître les espèces fidèles au semis)
- Ou bien connaître toutes les espèces fruitières qui se bouturent facilement comme les figuiers, les cognassiers etc.
Inscrivez-vous dès maintenant à la formation de 3 jours Multiplication végétale taille et entretien : maîtriser les semis, boutures, greffages et la taille des plantes fruitières pour un jardin productif.
Prochaines dates :
- du 8 au 10 mars 2024,
- du 19 au 21 avril 2024.
Calendrier perpétuel du jardin-forêt productif
Offrez à vos proches un an de sérénité au jardin avec le calendrier perpétuel du potager et du jardin-forêt !
Pas toujours évident de savoir quoi faire au jardin, et à quel moment.
Retrouvez toutes les informations mois par mois pour savoir quoi semer, repiquer, récolter, tailler, multiplier, entretenir.
Avoir en un coup d’œil l’ensemble des travaux au jardin, c’est possible ! Le calendrier perpétuel du potager et du jardin-forêt condense vingt ans de recherches et d’expériences de terrain en un seul support.