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Les 7 clés du jardin forêt productif
Dans sa vidéo Les 7 clés du jardin forêt productif, Franck Nathié met en avant 7 points essentiels pour créer des jardins multi-étagés à haut rendement.
Convaincue que c’est par l’expérimentation qu’on apprend, je vous propose d’explorer en détail chacune de ces 7 clés en 7 épisodes, en les mettant en pratique avec des petits exercices concrets. L’idéal si vous avez votre propre terrain, c’est de le prendre comme référence : vous gagnerez du temps pour la suite de votre projet !
Je me prête à l’exercice également, pour illustrer les 7 conseils : je pars sur une parcelle de petite taille, avec un sol assez lourd et humide.
Chaque terrain, chaque biotope est différent, et chaque technique ne s’applique pas à tous les projets : le vôtre devra donc être adapté à vos contraintes. Alors à vous de jouer, avec vos réalités de sol, climat, topographie…!
Découvre les 7 conseils pour un potager ou un jardin forêt productif
Épisode 5 – équilibrer l’ombre et la lumière au potager et au jardin-forêt
L’ombre et la lumière sont deux éléments essentiels à prendre en compte dans la conception de son jardin et de son jardin-forêt. Elles peuvent avoir un effet bénéfique ou néfaste, en fonction des plantes (certaines préfèrent l’ombre, la mi-ombre ou le plein soleil), mais aussi de la région. Une plante qui aime le plein soleil dans une région ou il pleut en été (nord Loire par exemple) préfèrera la mi-ombre, voire l’ombre en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Cela va jouer évidemment sur l’espacement des plantes entre elles. En climat chaud et sec, on aura tendance à créer de l’ombre et à empêcher que le sol se réchauffe et grille; à l’inverse en climat pluvieux on privilégiera le plein soleil, et on fera en sorte que le sol se réchauffe.
Repérez le nombre d’heures d’ensoleillement de votre département : par exemple en-dessous de 1 500 h de plein soleil par an (et plus de 900 mm de pluviométrie), il est nécessaire d’espacer un peu plus les arbres pour que le sol se réchauffe plus vite et que les légumes poussent mieux. Cela permet également d’éviter les maladies cryptogamique (champignons et pourriture) sur les arbres.
Ces quelques astuces vont vous permettre d’équilibrer au mieux ombre et lumière sur votre terrain :
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Pour optimiser le captage de l’énergie solaire, essayez de faire une forme de lisière de forêt qui sera orientée vers le sud
Placez les arbres les plus hauts au nord, et les plantes les plus basses au sud. Nous avons en effet évoqué dans le conseil n°2 Respecter la morphologie des plantes que l’idéal était de placer les 1ères strates au sud du terrain, et la strate canopée au nord, pour ne pas faire d’ombre aux strates les plus basses.
Dans mon exemple, j’ai déjà placé au nord du jardin les arbres les plus hauts, et laissé les parties potagères devant, pour que la lumière puisse y accéder une majorité du temps. Mais la Terre tourne, et l’ensoleillement n’est pas le même tout au long de la journée, ou de la saison !
Il est donc essentiel d’observer son terrain en fonction de sa région pour mieux choisir les zones ombragées selon les moments de la journée.
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Observez l’ensoleillement de votre jardin-forêt pour mieux l’organiser
Profitez d’une journée ensoleillée pour sortir, observer et dessiner sur votre plan les ombres de votre terrain (bâtiments, arbres déjà présents, …) à différentes heures. Des observations en milieu de matinée, le midi et en milieu d’après-midi devraient déjà vous donner une bonne idée des zones d’ombres et de lumière.
Voici ce que cela donne pour mon exemple, avec les zones d’ombres représentées en couleur, à trois moments de la journée :
Ombres du matin, avec le soleil qui donne au sud-est
Ombres du midi, avec le soleil qui donne au sud
Ombres de l’après-midi, avec le soleil qui donne au sud-ouest
Dans mon exemple, la haie située au sud du jardin et la maison ont une ombre portée assez importante. Cela bloque déjà certaines zones pour l’installation de plantes potagères. Vous remarquerez que j’ai disposé mes légumes dans les zones qui reçoivent le plus de lumière tout au long de la journée, plutôt au centre du jardin.
J’ai également choisi d’installer des arbustes à petits fruits rouges (myrtillers, framboisiers, …) le long de la clôture ouest, car ce sont des plantes qui produisent des fruits même si elles sont un peu à l’ombre, ce qui est le cas à partir du milieu d’après-midi dans mon jardin. J’y ai aussi mis de la rhubarbe, qui supporte d’être ombragée une partie de la journée.
Petite question : où placeriez-vous de l’ail des ours, qui doit lui être à l’ombre en permanence ?
Franck Nathié conseille de les placer au nord, ou sous des plantes à ombrage fort comme les kiwis, figuier, et feuillages persistants. Vous trouverez toutes ces informations sur les plantes et leurs besoins dans notre livre Permaculture en climat tempéré.
Je le mettrai bien sous le pommier le plus au sud, le long de la haie persistante : cette zone reste à l’ombre en permanence…
L’idéal est également de faire ces observations à plusieurs saisons : en effet le soleil est plus haut en été, et génère des ombres plus petites qu’au printemps ou en automne, où les ombres s’étirent… Ainsi les fraisiers que vous pensiez avoir idéalement placés (car c’est sur une zone ensoleillée en été), vont finalement manquer de soleil au printemps, car l’ombre de la maison les recouvre encore au mois de mai… et vous mangerez peu de fraises cette année ! Dans le livre Guide de conception en permaculture, vous retrouverez beaucoup d’outils pour calculer précisément l’impact de l’ombre sur les cultures. Par exemple, une serre qui doit produire en automne/hiver pour les cultures tardives et au printemps pour les semis précoces, doit impérativement être placée en fonction du solstice d’hiver et pas du solstice d’été.
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Pensez votre itinéraire technique au jardin forêt en fonction de l’ombre
Comme l’explique Franck dans la vidéo, le plan du jardin dépend beaucoup des espacements entre les plantes : si on met trop de plantes (arbres, lianes, buissons…), celles-ci produisent énormément d’ombre. Les plantes fruitières, qui sont dans les strates les plus basses, n’ont plus assez de lumière pour produire leurs fruits.
Il est essentiel d’alterner les zones sur votre terrain : partie clairière très ensoleillée pour la production de légumes, zones intermédiaires mi-ombre avec des végétaux adaptés, et zones très ombragées pour les plantes d’ombre comme l’ail des ours par exemple. Le tout en se rappelant que la strate ombre est la moins productive du jardin forêt.
Un verger avec des arbres plantés trop serrés va avoir plusieurs conséquences : les arbres vont entrer en compétition pour la lumière, et donc produire plus de bois, pour monter chercher le soleil. Qui dit plus de bois dit moins de fruits. Si on veut une production comestible plus importante, il va falloir tailler, rabattre les arbres, éclaircir, tailler les lianes, ce qui représente beaucoup plus de travail. Votre itinéraire technique évoqué à l’épisode 3 Des chemins et sentiers faciles à entretenir sera fortement impacté, vous allez vous rajouter beaucoup de travail, et donc baisser en rentabilité…
Planter serré peut avoir un avantage si et seulement si vous avez un sol très pauvre : les tailles régulières permettent d’amener au sol de quoi se structurer, avec le carbone et l’azote fixés par les arbres. Cette technique de tailler/arracher les plantes et de les laisser en place sur le sol est appelée “Chop and drop”, ou “attraper et déposer”. Si votre sol est très pauvre, vous trouverez plus d’informations sur un spécialiste de la technique, Ernst Götsch : https://agendagotsch.com/en/
Un petit bilan de ce 5ème conseil ?
- Placez les plantes les plus grandes au nord, les plus petites au sud
- Gardez des zones ensoleillées toute la journée pour les plantes potagères et les petits fruits
- Espacez les plantes pour laisser passer un maximum de lumière et vous éviter les tailles à répétition
Votre jardin forêt est maintenant bien structuré : espèces choisies, relations et espacement entre les plantes optimisées, chemins et itinéraires bien pensés, zones d’ombres et de lumière maîtrisées…
Le prochain épisode sera dédié à l’élément sans qui rien de tout cela ne serait possible : le sol !
Découvre les 7 conseils pour un potager ou un jardin forêt productif et aussi tous les autres livres sur la permaculture.
Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !
Marion Dehay, membre active de la Forêt nourricière
Pour en savoir plus :
Retrouvez plus d’informations sur ces 7 clés par ici !
- Livre Créer un jardin-forêt comestible, aux éditions Larousse
- Livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales
- Livre Permaculture en climat tempéré
Formations permaculture à venir :