Au mois d’août, les récoltes vont bon train au jardin-forêt. Il est aussi temps de prendre soin de ses plantes : la chaleur et les fortes périodes d’ensoleillement les fatiguent. Découvrez les astuces de Franck en ce mois d’août pour produire facilement de fruits et légumes goûteux sur une surface très réduite, avec très peu d’arrosage dans “l’association du mois”.

Une des récoltes du mois d’août au jardin-forêt de Simplé (53)

Le mois d’août est consacré aux récoltes au jardin, et à la transformation des fruits et légumes en plats savoureux, salades multivitaminées, tartes, confitures, conserves, lactofermentations, fruits séchés, afin de commencer ses réserves pour les mois à venir ! Ce mois-ci Franck à récolter des kilos de courgettes, d’oignons communs et vivaces, échalotes, ail éléphant et commun, blettes, betteraves, carottes, salades, pâtissons, haricots verts etc et pour les fruits, des mûres, mirabelles, pommes et poires d’été, abricots, raisins précoces résistant aux maladies, c’est l’abondance à la forêt nourricière.

Avec les fortes chaleurs du mois de juillet, la végétation souffre. Une bonne gestion de l’eau est indispensable et la conception est également essentielle pour optimiser les productions et économiser l’eau. Franck vous présente ce mois-ci une association de plantes qui va vous faire gagner du temps, de l’eau et de l’argent et quelques degrés !

Photo de l’association prise le 1er août cultivé sur à penne 1m2 de surface au sol:

Retrouvez dans l’article de septembre une photo de l’association un mois plus tard…

Lianes : vigne, chayotte, courge écarlate, haricot vivace, cornichon sauteur, tomates

Couvre sol : Bettes, betterave, carotte, chou baton, ciboule de chine cerfeuil musqué, céleri branche vivace, céleri rave, Coriandre vivace, oignon rocambole, romarin, Salade radichetta, sauge, verveine, citronnelle,…

Savez-vous sur quelle surface s’épanouissent ces 21 plantes ?

Environ 1 m2 de surface cultivée !

C’est une sorte de micro jardin forêt pour la façade de la maison. En permaculture ont appel cela une guilde. C’est la passion de Franck de créer des guildes productive.

Et quelle quantité cette association produit, me demanderez-vous ? 37,8 kg en tout pour la saison dernière ! Produire plus en travaillant moins : objectif atteint !

Elles sont très proches de la cuisine et donc c’est très pratique d’aller grappiller, les tomates, les pousses et aromatiques.

Les lianes choisies dans cette association (vigne, chayotte, courge écarlate, haricot vivace, cornichon sauteur) se débrouillent seules pour grimper et s’attachent les unes aux autres. Elles sont en effet équipées de vrilles, des petites pousses qui s’entortillent seules à n’importe quel support. Beaucoup d’entre elles sont des plantes vivaces et n’ont donc pas à être planté chaque année.

Pas besoin de passer du temps à accrocher les tiges tout au long de la saison, comme pour les tomates par exemple. Comme tout est planté sur une toute petite surface, une seule préparation de sol, un seul endroit à arroser… Un gain de temps considérable comparé au jardinage traditionnel ! Et vu que l’on a qu’un mètre carré à entretenir chaque année en mettant du broyat, fumier des poules, plus l’arrosage, on gagne un temps fou. Et que c’est planté très dense, et que ça pousse entre l’allé bétonner et le mure, pas besoin de désherbage ou pratiquement pas

Cette association de plantes a un fort pouvoir couvrant, avec sa végétation abondante. Avec seulement quelques pieds au départ, on arrive à rafraîchir la façade de la maison exposée plein sud. Une solution agréable pour tempérer son logement !

Installée sur un grillage dans le jardin potager, l’association permet de l’ombrager durant les heures les plus chaudes des journées d’été, et de ne pas griller vos cultures sur place.

Vous pouvez aussi garder votre terrasse fraîche, en installant cette association sur votre tonnelle ou votre pergola.

Pour en savoir plus sur l’ombre et la lumière au potager, lisez le livre de Franck Créer des jardin-forêt comestibles où vous pourrez faire facilement des calculs d’ombrage…

Ombre apportée par l’association sur la maison 

Avec les conditions climatiques qui évoluent, une bonne gestion de l’eau devient essentielle quand on souhaite produire ses fruits et légumes soi-même. On réfléchit beaucoup en permaculture à récupérer les eaux de pluie, arroser moins mais plus efficacement, utiliser des oyas, des système d’arrosage moins gourmands et mieux ciblés…

Mais réduire sa surface de culture fait aussi partie de la réflexion à avoir lors de la conception de son projet. Et c’est là que les associations de cultures prennent tout leur sens ! 

En réunissant plusieurs plantes compagnes au même endroit, on réduit l’espacement entre elles, et forcément la surface à arroser. Il est nécessaire bien sûr de réfléchir à la compatibilité des plantes, pour les associer de manière efficace : partenariats morphologiques (port, forme des racines), chimiques, etc.

Voir le livre Permaculture en climat tempéré.

Une surface prise au sol très réduite

Dans cet exemple d’association, Franck utilise seulement 1 à 2 arrosoirs par semaine pour alimenter ces onze espèces. Et cela suffit pour produire plus de 35 kg de légumes et fruits tout au long de l’été !

Avec cette association de plantes installées sur sa façade, Franck a récolté l’an dernier 12 kg de chayottes, 13 kg de raisins, 8 kg de tomates, 2,5 kg de haricots secs, 800 g de courges écarlates. Sans compter les récoltes de feuilles et de pousses grappillées tout au long de la saison (cerfeuil musqué, céleri vivace, courges écarlates, oignon rocambole, chayottes), qui ont joyeusement agrémentées ses salades. Franck a même installé quelques pieds de betteraves dans les espaces restants, et il a pu en récupérer 1,5 kg.

Comme le dit Franck : “37,800 kg en tout sur ⅓ de m2 à entretenir et arroser, on peut difficilement faire mieux en terme de culture de feignant ! Si vous avez mis ça sur une tonnelle, cela vous permettra de boire le petit vin blanc au frais (vin fait avec le raisin récolté l’année dernière bien sûr) ! Et certains disent que la permaculture ne produit rien …!”

La récolte commence dès les mois de juin-juillet pour les plantes vivaces, avec les feuilles et les pousses de chayotte, de courge écarlate, de cerfeuil musqué, de céleri vivace. Vous pourrez les utiliser en salade (de juillet à octobre), tout comme les tubes des oignons rocamboles, dont le goût est assez doux.

Attention à ne pas couper tous les tubes, sinon vous ne pourrez pas récolter de bulbes d’oignons plus tard !

Pousses de chayottes et de courges écarlates

Viennent ensuite d’août à octobre les récoltes des fruits et légumes : chayottes, raisins, haricots secs, courges écarlates. Vous pouvez y associer d’autres plantes s’il vous reste de l’espace : les tomates sont par exemple les bienvenues, mais il faudra les conduire en les tressant régulièrement sur les lianes voisines.

Franck a ajouté sur sa petite parcelle le cyclanthère géant, qui grimpe seul sur la structure.

Pieds de tomates tressés sur la structure

Cyclanthère géant

Cyclanthères géants farcis avec de la tomate et du cerfeuil musqué

Les oignons rocamboles se récoltent quant à eux de septembre à novembre. Faites attention lors de leur plantation en début de saison à les éloigner des autres plantes. Le déterrage des oignons pour la récolte peut en effet endommager le système racinaire des plantes voisines. Si vous manquez d’espace, laissez les oignons dans le sol et récoltez uniquement les tubes, comme pour la ciboule : vous n’aurez plus de problème de déterrage.

Attention également à espacer les oignons des pieds de haricots vivaces : ces derniers, d’après les observations de Franck sur le terrain, n’apprécient pas le soufre des alliacés. 

Vous pouvez récupérer les petits oignons en août – septembre pour les remettre en terre l’année suivante.

Oignons rocamboles

Laissez également quelques tomates trop mûres au sol en fin de saison : quelques  graines tombées à même la terre repartiront d’elles-mêmes à la saison suivante !

Ce sont les lianes qui vont structurer votre association :  vigne, chayotte et courge écarlate. Un support solide et résistant dans le temps est donc essentiel pour les faire grimper.

Vous pouvez utiliser plusieurs structures de soutien : 

• une tonnelle ou une pergola existante,
• du grillage (pourquoi ne pas profiter des clôtures qui sont déjà en place dans le jardin ?),
• dans un gros pot, sur une terrasse ou un balcon par exemple,
• le long d’une façade bien orientée, en fixant des fils sur le mur.

Dans ce dernier cas, vous pouvez faire des trous dans le mur. Installez des chevilles et attachez-y du fil solide et résistant à l’humidité (fer galvanisé ou plastifié) pour faire un maillage sur la façade. À Simplé, Franck a utilisé de la ficelle, qui a l’avantage de ne pas monter en température comme l’acier galvanisé. En effet, sur ce type de fil, les pousses peuvent griller au contact du métal chauffé par le soleil. J’ai eu le cas sur ma vigne au mois de juillet, quand elle a commencé à grimper sur la partie au soleil de la structure en métal.

Pour éviter le réchauffement des fils supports en métal, vous pouvez les peindre en blanc avant l’installation.

Exemple de structure sur le grillage de la pépinière

Vos courgettes ne produisent pratiquement plus et montrent des signes d’oïdium, ces tâches blanches au niveau des feuilles ?

Oïdium lycopersicum sur des feuilles de mes courgettes

Qu’à cela ne tienne, vous pouvez remplacer les pieds atteints et fatigués par de nouveaux plants ! Préparez en ce début de mois d’août des semis de courgettes: vous les installerez à la place des pieds malades, qui ne donneront plus grand chose, et vous êtes assurés de belles courgettes à récolter d’octobre à novembre !

Semis de courgettes

Il est également temps de faire vos semis de salades d’automne, des choux et de semer les alliacées vivaces dont vous avez récolté les semences (ail éléphant et rocambole, oignons vivaces, ciboule de chine) car ces semences ne se garde pas bien au sec.

Retrouvez plus d’informations sur ce que vous pouvez semer, planter, récolter, multiplier, entretenir dans notre Calendrier perpétuel du jardin-forêt et du potager en permaculture. et tout sur les semis dans le livre Multiplication, taille et ressources variétales et le livret “réussir ses semis “ qui est plastifié pour pouvoir le prendre les mains mouiller ou salles dans la pépinières.

Les récoltes du mois d’août sont très importantes au jardin-forêt de Simplé (53). Voici un aperçu de quelques récoltes de Franck pour ce mois.

Franck en pleine récolte !

Les figues ont toujours la part belle dans le jardin. Franck a également récolté des prunes, les premières pêches, les pommes d’été, des poires précoces, du raisin zilga et d’autres variétés précoces.

Pour les légumes aussi, variété et quantité sont au rendez-vous : ail éléphant, ail commun, haricot rame, courge écarlate, poivron, cyclanthère, betterave, céleri, tomates utilisées comme couvre-sol sur bâches en association avec les courges et patates douces…

Pour en savoir plus, retrouvez les 9 strates du jardin forêt avec tous les couvre-sols, buissons, lianes, arbres et plantes d’ombre dans le livre Permaculture en climat tempéré.

Bon mois d’août à tous, et rendez-vous à l’article du calendrier du jardin-forêt de septembre pour découvrir les nouvelles espèces à semer, repiquer, récolter, multiplier et entretenir !

Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !

Marion Dehay, membre active de la Forêt Nourricière

Pour en savoir plus…

• Nos formations

  • Pour une formation complète et concrète sur la création d’un projet en permaculture : formation Cours de conception en permaculture
  • Pour un stage de 3 jours pour apprendre à concevoir, entretenir et faire fructifier votre verger, votre jardin-forêt ou vos haies fruitières multiétagées, en tenant compte des réalités économiques d’une installation permacole dans le contexte actuel : formation concevoir et entretenir un jardin forêt

  Nos livres

  • Pour découvrir toutes les bases pour comprendre la phytosociologie des plantes alimentaires et concevoir son jardin et ses systèmes de culture multi-étagés : Livre Créer un jardin-forêt comestible, aux éditions Larousse.
  • Pour connaître les fruitiers résistants et leurs pollinisateurs, pour créer l’abondance à moindre coût : Livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales. 
  • Pour créer l’abondance pour tout ce qui vit, et combler les besoins des êtres qui vont « habiter » le design en s’inspirant de la nature et des modèles naturels : Guide de conception en permaculture.