On entend parfois parler de la fidélité au semis… Mais c’est quoi exactement ? 

Vous est-il déjà arrivé de semer le pépin d’une pomme que vous aviez adoré mangé, pour avoir un pommier identique à planter dans votre jardin ? Cela paraît logique. Et pourtant, ce n’est pas aussi simple.

Il est très probable que le pépin de la grosse pomme rouge, sucrée et craquante que vous aviez cueillie en octobre (donc plutôt tardive) se transforme en un pommier qui vous donne des petites pommes jaunes, amères et farineuses au mois de juillet…

Les pommes, les poires, les kakis, les nashis sont très infidèles au semis : si vous semez leurs pépins, vous n’aurez pas forcément les mêmes caractéristiques que le fruit d’origine.

Pourquoi me direz-vous ? C’est une affaire de génétique…

Un pommier est issu du croisement entre ses deux arbres parents, mais aussi du croisement de leurs aïeux. Il faut en effet deux variétés de pommiers pour qu’il y ait fécondation. C’est ce que l’on appelle la pollinisation croisée.

Si on pollinise volontairement deux parents intéressants, il y a de grandes chances de retrouver les caractéristiques des deux parents dans votre pommier… si ceux-ci ont des gènes dominants !

Seulement beaucoup de critères (goût, calibre, résistance) ne sont pas liés à des gènes dominants et dans ce cas, les propriétés des parents disparaissent chez les enfants.

Plusieurs solutions s’offrent à vous pour conserver les caractéristiques de votre semis de pomme :

• déjà connaître les bons partenaires sexuels à avoir sur votre terrain. Un pommier seul dans un immense périmètre n’aura que peu de chance d’être pollinisé !
• forcer les croisements en pollinisant vous-même à la main : enfermez ensuite les fleurs pollinisées dans un sac plastique pendant 3 semaines pour éviter que d’autres espèces pollinisent vos pommiers ;
• ne mettre que les deux parents ensemble en grand nombre dans un verger, en éliminant les éventuels pollinisateurs sauvages (difficile en pratique).

Vous retrouverez dans le livre Multiplication, taille et ressources variétales de Franck Nathié la liste des espèces qui ont une bonne qualité de pollinisation croisée. Un travail se synthèse de plusieurs années de recherches et d’expérimentations !

La solution la plus utilisée pour créer un nouvel arbre fruitier qui garde les caractéristiques de votre pommier préféré ?

C’est la greffe, sur un arbre appelé porte-greffe ! Mais patience, nous en parlerons dans l’article du sur le jardin-forêt en permaculture au mois de mars…

D’autres arbres en revanche ont une fidélité au semis très intéressante : les pruniers ou les abricotiers en font partie.

Leur particularité ? Ce sont des espèces dites autofertiles : elles s’auto-fécondent toutes seules (un peu comme si on arrivait à se faire un bébé à soi-même) : pas de croisement génétique, l’arbre a les mêmes caractéristiques que son unique parent.

Un seul de ces arbres peut donc suffire pour produire lui-même ses fruits. C’est un gain de place énorme pour les petits terrains ! 

Encore une fois, c’est votre connaissance de la nature et vos choix qui permettent de créer un jardin forêt productif. A vous de jouer !

Dans cette aventure, le livre Multiplication, taille et ressources variétales est une pépite où vous retrouverez toutes ces informations.

Les variétés de prunes Reine-Claude, Quetsch ou encore Mirabelle mettront un peu plus de temps à donner des fruits que des arbres greffés (5 ou 6 ans au lieu de 3 ou 4), mais l’avantage est que si l’arbre meurt ou est cassé par une tempête, les rejet qui partiront du sol seront toujours les Reine-Claude, Quetsch ou encore Mirabelle que vous aviez sélectionné. Alors que s’il s’agit d’un arbre greffé, c’est le porte-greffe qui repartira du sol et donnera souvent des prunes peu intéressantes. 

Les espèces qui n’ont pas été beaucoup sélectionnées sont aussi assez fidèles au semis : nèfles, coings, etc.

Semer, planter, récolter, entretenir… Tous les travaux à réaliser au jardin-forêt en février sont à retrouver dans cette rubrique !

En serre froide ou sous châssis, il est temps de commencer vos semis pour la saison prochaine !

Semis en serre froide (Source : Freepik)

Bette, carotte, chicorée frisée, chou-fleur, navet, oignon, poivron, radis, tomate…

En extérieur, les semis des espèces non-frileuses peuvent être tentés : ail, ail éléphant, fèves, oignons, panais, poireaux et pois.

Si votre sol n’est pas gelé, vous pouvez repiquer les bulbes, tubercules et racines. Vos oignons et échalotes, ou encore vos fraisiers, peuvent aussi prendre place dans vos plate-bandes au mois de février.

Vous pouvez planter les petits fruits comme le cassis, groseille, casseille, camerisier, fraisier, etc.

Pensez aussi à récupérer les marcottes de ronce, de framboisier grimpant (tayberry) et de cassis ou casseille pour les repiquer.

Marcottes de casseille et de framboimure (tayberry)

Il est par contre trop tard pour les arbres fruitiers à racines nues : ils n’auront plus le temps de s’enraciner correctement. Ils risquent aussi d’avoir du stress en été et de ressembler à des bonsaïs, voire même de mourir s’ils ne sont pas arrosés.

Les récoltes continuent au jardin-forêt de Simplé en Mayenne ! Voici un petit aperçu des récoltes faites par Franck en ce début février.

Une récolte du mois de janvier au jardin-forêt de Simplé en Mayenne (patience, le mois de février est bientôt là !)

Dans le panier ce mois-ci :

Ail éléphant (en poireau), Apios tubéreuse, Bette, Betterave, Carotte, Chervis racine, Chicorée frisée et scarole, Cerfeuil, Crosne, Choux (rave, chinois, Bruxelles, pommé, bâton), Coriandre thaï, Endive, Épinard, Mâche, Oca, Panais, Persil (climat doux), Pomme de terre, Plantain corne de cerf, Poireaux commun et vivace, Salades d’hiver, Salsifis, Scorsonère, Topinambour, Yakon, Champignons polypore versicolore.

Voilà tous les légumes qui ont tenu à des gelées de -6°C ! 

Le polypore versicolore se prend en tisane ou en teinture mère. C’est un puissant anti-viral et anti-cancer qui permet aux humains comme aux abeilles de résister aux virus divers et d’hiver (du coronavirus, grippe et rhumes ou bien la nosémose de l’abeille).

Peu de fruits à récolter en février, les fruitiers sont en sommeil… c’est le moment de profiter des réserves que vous avez peut-être constituées les mois précédents : les pommes, les poires et les kiwis au frigo, les compotes, fruits en bocaux, pommes et poires séchées, pâtes de fruits, etc.

4 – Multiplier ses végétaux en février

Si vous ne l’avez pas fait les mois précédents, il est encore temps de préparer vos boutures de patate douce. Comment ? Lisez l’article de décembre et la vidéo de Franck Faire des Patates douces géantes en permaculture pour découvrir les étapes pas à pas.

Il est encore un peu tôt pour commencer à greffer vos arbres. Nous développerons ce sujet le mois prochain ! Mais si vous voulez prendre un peu d’avance et vous faire une idée sur le sujet, allez voir la vidéo de Franck :

Permaculture – greffage et port naturel de l’arbre (extrait)

Février est la bonne période pour tailler ses arbres fruitiers, et les lianes (vigne, kiwi) paraît-il…

Mais nous l’avons vu dans l’article du jardin-forêt du mois de janvier, la taille des arbres fruitiers est un choix, et pas une obligation si on a bien espacé les arbres et que l’on lâche prise sur la régularité de production !

Elle permet de produire des fruits plus gros, de diminuer l’alternance entre années à fruits et années sans fruits. Elle peut enrichir votre sol avec les résidus de la taille broyés, ou encore limiter les maladies fongiques.

Mais elle prend du temps chaque année, et il est aussi bénéfique de laisser l’arbre avoir un port naturel et de profiter de ses bienfaits ! À vous de faire votre choix !

Pommier non taillé en hiver et à fructification : les fruits sont au RDV, même sans tailler, mais plus petits!

Taille douce de fructification d’un poirier : avant / après

C’est le moment de faire des amendements pour préparer votre terre à la saison prochaine. Si vous avez cela en stock, vous pouvez récupérer les fientes de vos poules, combinées à la cendre de la cheminée, pour amener azote, phosphore, potassium et calcium à votre sol.

Amendement de cendres sur une plate-bande à la Forêt Nourricière de Simplé (Mayenne)

Bien mulcher le sol et les plates bandes pour les protéger du froid et de la battance des pluies est essentiel. Utilisez les résidus de tout ce que vous avez taillé pour couvrir vos plates-bandes.

Mulch sur une plate-bande à la Forêt Nourricière de Simplé (Mayenne)

C’est encore le moment de préparer le sol avec des lasagnes de tonte et de feuilles mortes.

Les vers de terre et les champignons se régalent et transforment la terre en gruyère hyper fertile pour la saison de culture qui va arriver dans 4 mois tout en éliminant les adventices (herbes indésirables).  

Bon mois de février à tous et rendez-vous dans l’article du mois de mars pour découvrir les nouvelles espèces à semer, repiquer, récolter, multiplier et entretenir !

Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !

Marion Dehay, membre active de la Forêt Nourricière

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Pas toujours évident de savoir quoi faire au jardin, et à quel moment. 

Retrouvez toutes les informations mois par mois pour savoir quoi semer, repiquer, récolter, tailler, multiplier, entretenir. 

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