Les secrets de Franck au jardin-forêt en septembre
Après un mois de juillet pluvieux dans la partie nord de la France et caniculaire dans le sud, l’humidité s’est prolongée au mois d’août dans de nombreuses régions. Les maladies cryptogamiques (dûes à des champignons) ont eu de quoi se développer. Oïdium et mildiou se sont régalés des feuilles de courges et de vignes, mais les récoltes au jardin-forêt de Simplé restent belles, malgré l’absence totale de traitement. Les grenouilles rieuses se sont bien marrées tout l’été dans le jardin. Le mois de septembre au potager est consacré aux récoltes, et à la préparation des fruits et légumes : c’est le moment de faire ses réserves pour l’hiver, pour manger de bons petits plats et conserver les prochains mois, tout en économisant. Franck vous partage ce mois-ci quelques astuces au jardin pour tuer le liseron écologiquement et définitivement, et gagner du temps en cuisine.
Grenouille rieuse au jardin-forêt de Simplé (53)
Expérimentations au jardin-forêt : le point sur les derniers projets en septembre au potager
1 – Comment éradiquer le liseron définitivement et écologiquement au jardin ?
Feuilles de liseron en train de mourrir.
Le liseron est une plante envahissante : ses tiges s’enroulent autour de vos plantes, parfois jusqu’à les étouffer. Vous souhaitez vous en débarrasser ?
Le problème avec le liseron, c’est sa racine très profonde, qui se coupe très facilement. Vous avez beau passer du temps à désherber, il revient tout le temps.
Si vous tentez d’aller en profondeur arracher les racines, vous risquez d’abîmer celles de vos plantations…
Franck teste depuis plusieurs années différentes méthodes pour se débarrasser de ces lianes envahissantes de manière écologique. Et il semble bien qu’il ait découvert la recette miracle !
Pour tester sa technique, vous aurez besoin :
- de savon écologique
- de vinaigre (que vous pouvez fabriquer vous-même, voir dans la vidéo …)
- d’un récipient (bocal, saladier, …) et de quoi faire un couvercleà mettre dessus.
a – Comment faire ?
- Dans un bocal, mettre du vinaigre et du savon écologique (ou du liquide vaisselle).
- Couper les tiges de liseron, à la base de la plante qu’il envahit.
- Faire tremper la plus grande longueur possible de tige de liseron dans le pot.
- Pour éviter que le pot ne se remplisse d’eau de pluie (et ne dilue le vinaigre), placez un bol à l’envers sur votre pot. Vous pourrez ainsi réutiliser votre mélange sur d’autres plantes une fois celles-ci éradiquées. Si vous en avez en grosse quantité sur une même surface, préparez carrément un saladier !
- Attention à ne pas écraser les tiges de liseron au passage, sinon le produit ne rentrera pas dans la plante !
- Laissez tremper le liseron dans le pot pendant deux jours au moins.
Découvrez la technique dans la vidéo ci-dessous :
b – Comment ça fonctionne ?
L’acidité du mélange se diffuse dans la tige de la plante, et va descendre jusqu’aux racines. La sève transporte alors le mélange vinaigre/savon dans toute la plante, en rendant les tiges jaunes, molles puis sèches, et ensuite les feuilles, comme sur la photo ci-dessous.
Deux jours plus tard, le liseron est desséché, mort jusqu’à la racine. Et il ne repoussera pas !
Testez la méthode et transmettez-nous votre résultat dans les commentaires !
2 – Comment évoluent les plantes compagnes présentées dans l’association du mois d’août ?
Nous vous avions présenté au mois d’août une association de lianes et de plantes couvres-sol vivaces, installée par Franck dans son jardin-forêt en Mayenne (53).
Ce sont pas moins de 11 plantes qui cohabitent sur une surface de moins d’1 m2 : vigne, chayotte, courge écarlate, haricot vivace, cerfeuil musqué, céleri vivace, oignon rocambole, tomates, cyclanthère géant et betteraves.
Cette association s’est développée, et le feuillage recouvre désormais la totalité de la façade. Vous y découvrez les fruits et légumes bien développés :
Ombre apportée par l’association sur la maison
Cyclanthères géants et chayotte
Pied de l’association de plantes compagnes
Raisins s’épanouissant au-dessus de la fenêtre
Avec seulement des crochets plantés dans le mur et de la ficelle, Franck ramassera près de 40 kg de fruits et de légumes grâce à cette association de plantes compagnes !
Les atouts de cette association ?
- gain de temps, car les plantes grimpantes sont autonomes et n’ont pas besoin d’aide pour s’accrocher ;
- rafraîchissement de la maison, dont cette façade exposée au sud est maintenant bien à l’ombre ;
- économies d’eau avec une surface à arroser très réduite ;
- économie de temps de jardinage pour la préparation du sol en hiver de désherbage ;
- production maximisée sur une toute petite zone, qui produit sur plusieurs mois ;
- proximité et facilité de récolte pour grappiller.
Vous pourrez suivre l’évolution de cette association dans les prochains articles du calendrier du jardin.
3 – Résultat des cultures de courges sur bâches
a – L’expérience : semis en serre ou semis en plein terre ?
Au printemps, Franck a mené une expérimentation autour des semis de courges.
L’objectif : comparer la croissance de courges semées sous serres et en plein terre, pour voir quelle méthode est la plus efficace.
Il a commencé par semer des graines de courges en godets, dans sa serre, au mois d’avril. En parallèle, il a réalisé des semis en pleine terre à l’extérieur, en mettant 20 à 30 graines de courges dans chaque trou : patidous, potimarrons, courges bleues de Hongrie, ou encore melons…
Une fois les plants de courges en godets prêts à être repiqués, il les a installés près des graines déjà semées en place.
Plants de courges prêts à être repiqués
b – Le résultat au potager en septembre : semis en extérieur vainqueur
Le match est gagné haut la main par les graines de courges semées en pleine terre !
Les avantages des graines semées en pleine terre ?
- gain de temps : pas de semis en pot, pas d’arrosage à gérer, et l’étape de repiquage est supprimée du calendrier ;
- efficacité : étant donné la quantité de graines mises dans chaque trou, les limaces ont laissé de nombreux plants intacts. Ce n’est pas le cas des plants de courges venant de la serre qui se sont faits dévorer !
- résistance : les graines qui ont germé directement dans le sol montrent une résistance et une vitalité plus importantes que celles préparées sous serre. Cela peut s’expliquer par leur adaptation dès la germination au sol les entourant. Elles sont tout de suite mycorhizées par les champignons et sont symbiose avec les bactéries locales. Leur croissance est donc plus rapide. Les plants semés dans du terreau et repiqués, quant à eux, subissent un choc au repiquage. Ils sont mis en contact avec de nouvelles bactéries ou champignons que celles présentes dans leur godet. Le temps de s’acclimater, les plans se font souvent manger par les limaces.
- rendement : selon les prévisions de Franck, la production sera pratiquement doublée pour les semis en pleine terre. Ils ont fait beaucoup plus de fruits mais plus petits.
Pieds de pâtissons issus de plants préparés en serre : taille restreinte et seulement 4 fruits.
Pieds de pâtissons issus de graines semées en place : taille beaucoup plus développée et 14 fruits.
c – Courges et hybridation
Attention quand vous débutez la culture des courges de plusieurs variétés : elles peuvent facilement se croiser. Ces croisements donnent naissance à des courges hybrides. Si vous souhaitez récupérer les graines pour faire vos propres semences, elles n’auront peut-être plus les qualités que vous attendiez…
Vous aviez choisi les courgettes parce qu’elles sont productives, mais surtout car elles prennent peu de place ?
Si vous avez planté des citrouilles à proximité, les pieds risquent d’être inter-pollinisés par les insectes : vous obtiendrez alors des courgeouilles, ou patigettes. Le goût est plutôt bon, par contre vos courgettes vont prendre beaucoup plus de place.
Vous perdrez alors la spécificité de la courgette, qui a été sélectionnée pour faire beaucoup de fruits sur une toute petite surface.
Il est donc important de sélectionner ses semences, c’est-à-dire de gérer la pollinisation des vos différentes espèces de courges.
d – Comment polliniser ses courges ?
Alors comment faire pour polliniser soi-même ses courges ?
Vous devez d’abord différencier fleurs mâles et fleurs femelles ! Rassurez-vous, rien de compliqué..
La fleur femelle se reconnaît au renflement sur sa tige. C’est le futur fruit, non fécondé. La fleur mâle quant à elle repose sur une simple tige, toute droite.
Pour qu’il y ait fécondation il faut donc que les fleurs des deux types soient ouvertes en même temps ! D’où l’intérêt d’avoir plusieurs pieds de courges : il est sinon compliqué d’avoir des floraisons au même moment.
Fleur femelle en haut, qui porte à sa base un futur fruit – fleur mâle en bas, avec une tige sans fruit.
La technique de pollinisation de Franck consiste à mettre une fleur mâle dans une fleur femelle de la même variété. Vous pouvez aussi récolter sur un pinceau le pollen sur la fleur mâle, et le déposer ensuite dans la fleur femelle.
Ici on a enlevé les pétales de la fleur pour mieux voir : les étamines qui portent le pollen à gauche (l’organe reproducteur mâle), et le pistil à droite (l’organe reproducteur femelle).
Franck laisse les pétales, qui forment une enveloppe protectrice autour des deux fleurs. Pour éviter que d’autres pollens entrent en jeu, fermez ensuite l’ensemble avec une pince à linge (certains les mettent sous sac).
Quand les fleurs tombent, vous retrouverez la pince à linge au sol devant le pied de courge. Laissez-la en place ! Vous saurez en fin de saison que ce fruit n’est pas un hybride, et que vous pourrez récolter ses semences. De quoi s’assurer une sélection de graines efficace !
Si vous êtes plus faignant, laissez les courges se croiser : les résultats sont la plupart du temps goûteux ! Dans cette expérience, Franck a accepté que les courges se croisent entre elles. Souvent cela ne pose pas de problème et les hybrides sont intéressants :
- Butternut et courges de Provence ;
- Potimarron et courges bleues de Hongrie.
Patigette : croisement d’un pâtisson et d’une courgette
Les travaux au jardin au mois de septembre
1 – Préparer ses fruits et légumes pour stocker
Une des récoltes du mois de septembre à Simplé (53)
Tomates farcies, sauce tomate, ratatouille, bocaux de haricots, lactofermentations de carotts, de betteraves, congélation, tartes aux pommes / poires / pêche, crumble, pâtes de fruits, confitures, fruits séchés… Entre les récoltes et la transformation des fruits et légumes, il y a de quoi faire en septembre pour préparer l’hiver!
Comment stériliser ses bocaux de haricots verts plus rapidement ? (image Freepik)
L’astuce de Franck pour faire ses bocaux de haricots facilement et rapidement ? Lors de la cueillette des haricots, on détache souvent l’ensemble du haricot, avec le pédoncule (la partie d’attache au pied de haricot, où était auparavant la fleur). Il est ensuite nécessaire d’équeuter les haricots, c’est-à-dire d’enlever le pédoncule et le bout pointu de l’extrémité du haricot, pour pas que les haricots éclatent lors de la cuisson. Deux opérations qui prennent du temps. L’étape d’enlever le bout pointu du haricot n’est pourtant pas nécessaire : c’est même la partie la plus tendre du haricot. Vous pouvez sauter cette étape. Et pour le pédoncule me direz-vous ? Il suffit de le laisser sur la plante à la récolte ! Coupez le haricot juste en-dessous du pédoncule : vous n’aurez plus besoin de passer par la phase équeutage !
Vous pouvez mettre vos haricots directement dans les bocaux avec une pincée de sel et les recouvrir d’eau. Placez ensuite vos bocaux soigneusement fermés, recouverts d’eau, dans votre cocotte et démarrez la stérilisation.
Oui, pour rappel, pas besoin de précuire vos haricots avant de stériliser vos bocaux. La stérilisation s’en charge pour vous : les haricots seront suffisamment cuits, et seront “al dente”. Il suffit de laisser les bocaux en cuisson une trentaine de minutes et de les laisser refroidir doucement. Une pré-cuisson leur donnerait une texture molle, qui ne préserverait pas autant les vitamines que la stérilisation seule.
Encore un gain de temps !
Une astuce pour faire le stock pour l’hiver ! (image Freepik)
2 – Les semis du mois de septembre pour préparer l’automne et l’hiver
Les semis se préparent pour les légumes d’hiver : Bettes, choux, épinards, salades, radis…
C’est aussi le moment de repiquer les carottes et les salades semées en godets au mois d’août.
Retrouvez plus d’informations sur ce que vous pouvez semer, planter, récolter, multiplier, entretenir dans notre Calendrier perpétuel du jardin-forêt et du potager en permaculture.
Semis de courgettes
3 – Récolter en septembre au jardin-forêt
S’il y a un mois phare pour les récoltes, c’est bien le mois de septembre ! De nombreux arbres fruitiers sont en effet prêts, et les courges sont à l’honneur.
a – Les fruits du mois
Poires William, premières poires Conférences, pêches pour toute la Région nord, raisin, annoncent l’automne à venir.
Sur la photo, de gauche à droite et de haut en bas : pommes Reine des reinettes et Reinette d’Angleterre (très bonne pomme de garde), Reinette clochard (si on la cueille à peine mûre, elle se garde jusqu’en avril prochain au frigo), raisins Reliance et Einset (raisin rose sans pépins, qui a un goût de fraise), raisins noirs (Muscat bleu et Zilga), melons, noisettes Longue d’Espagne, dernières mirabelles, pêches issues de semis, poires William.
Une récolte de fruits en septembre au jardin-forêt.
b – Les légumes du mois
Les premières chayottes sont mûres, prêtes à être mangées avec la peau. Les courges peuvent également être consommées avec la peau, tant qu’elle est encore fine.
Les légumes du mois précédent continuent à donner, si les champignons et le vent ne les ont pas trop affaiblis. Sur la photo, de gauche à droite et de haut en bas : blettes, betteraves, oignons rouges et vivaces, celeris, carottes, courges hybrides (courgettes/patidou, patidou/sweet dumping), patissons, tomates Berao noire (super tomate grimpante à installer dans les arbres), Verbena, Coeur de boeuf assez précoce, haricots verts à rames Neckar gonkin (très long et savoureux), courgettes, concombres, oignons jaunes et échalottes, gousses d’ail éléphant, …
Une récolte de légumes en septembre au jardin-forêt.
c – Les semences du mois
Comment économiser du temps et de l’argent pour vos futures plantations ? Laissez vos plantes monter à graines, et récupérez-les pour les semer la saison prochaine !
Voici les paniers de semences récupérés par Franck en ce mois de septembre (de gauche à droite et de haut en bas) : ail éléphant, bulbilles d’oignon égyptien, betteraves, céleris, échalions.
Une récolte de légumes en septembre au jardin-forêt.
Fin septembre, Franck récoltera aussi les semences de ciboule de Chine. Elle se consomme tout au long de la saison et agrémente vos salades, comme la ciboulette. Il est très intéressant d’en semer beaucoup près de la maison, avec les aromatiques. Cela permet de remplir les trous entre les plantes vivaces en place, et de produire en quantité. Attention à bien concentrer les plantes vivaces pour ne pas abimer leurs racines en plantant ensuite vos semences.
4 – Multiplier ses fruitiers au mois de septembre
En septembre, c’est le moment de greffer les arbres fruitiers donnant des fruits à noyaux : pêcher, pruniers, cerisiers, abricotiers (avec des greffes en écusson).
Greffe en vert.
Pour les fruits à pépins et les agrumes, les greffes présentent beaucoup moins de réussite que si vous les faites en fin d’hiver.
Pour découvrir les techniques de greffes sur le terrain, profitez de notre stage Multiplication végétale taille et entretien, ou du livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales.
Bon mois de septembre à tous, et rendez-vous à l’article du calendrier du jardin du mois d’octobre pour découvrir les nouvelles espèces à semer, repiquer, récolter, multiplier et entretenir !
Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !
Marion Dehay, membre active de la Forêt Nourricière
Pour en savoir plus…
Nos formations
- Pour un stage de 3 jours pour apprendre à concevoir, entretenir et faire fructifier votre verger, votre jardin-forêt ou vos haies fruitières multiétagées, en tenant compte des réalités économiques d’une installation permacole dans le contexte actuel : formation concevoir et entretenir un jardin forêt.
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Nos livres
- Pour créer l’abondance pour tout ce qui vit, et combler les besoins des êtres qui vont « habiter » le design en s’inspirant de la nature et des modèles naturels : Guide de conception en permaculture.
- Pour découvrir toutes les bases pour comprendre la phytosociologie des plantes alimentaires et concevoir son jardin et ses systèmes de culture multi-étagés : Livre Créer un jardin-forêt comestible, aux éditions Larousse.
- Pour connaître les fruitiers résistants et leurs pollinisateurs, pour créer l’abondance à moindre coût : Livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales.