Les secrets de Franck au jardin-forêt en novembre
Novembre est là, avec des températures plus froides, des pluies régulières, une durée d’ensoleillement de plus en plus courte chaque jour… nous sommes moins tentés d’aller au jardin ! Et pourtant, il y a encore des récoltes à faire, des travaux d’entretien et de préparation de la saison prochaine.
Alors découvrons ce mois-ci des tubercules méconnus, et pourtant très productifs au mois de novembre, ainsi que les secrets de Franck pour réussir vos plantations de fruitiers au jardin-forêt.
Photo du mois d’octobre : la photo de la récolte du mois de novembre arrive, elle est en retard !
Comment avoir des tubercules énormes : la bonne idée du mois de novembre
Les connaissez-vous ? Patates douces, topinambours, yakon (ou poires de terre), oca du Pérou, crosnes du Japon … sont les stars du mois de novembre ! Délicieux et énergétiques, vous ne pourrez plus vous en passer au potager quand vous y aurez goûté !
Patates douces
Topinambours
Yakon (ou poires de terre)
Ocas du Pérou
Leur particularité ? Quand les jours déclinent et qu’on passe sous la barre des 10°c et 10 h d’ensoleillement moyen par jour, la photosynthèse s’arrête pour beaucoup de végétaux.
C’est le signal qu’attendaient les plantes à tubercules pour faire leur stock : tous les sucres et la sève des parties aériennes de la plante vont descendre vers les racines.
Les tubercules, en un mois, vont doubler, parfois tripler de volume ! Attendez donc bien que les feuilles commencent à noircir pour débuter votre récolte !
Les poires de terre ont un avantage supplémentaire par rapport aux patates douces : les tubercules peuvent résister aux premières gelées.
Vous pouvez donc laisser vos yakons dans le sol, pour les récolter au fur et à mesure de vos besoins dans les régions où la température ne descend pas en dessous de – 7°C .
Les travaux au jardin au mois de novembre
Semer, planter, récolter, entretenir… tous les travaux à réaliser au jardin-forêt en novembre sont à retrouver dans cette rubrique !
1 – Les semis du mois de novembre
Quelques espèces supportent d’être semées en novembre, malgré les conditions climatiques plus froides et humides. Vous pouvez par exemple installer en pleine terre vos graines de fèves, de pois et vos semis d’ail d’automne, d’ail éléphant, de ciboule commune et de ciboule de Chine. Les semences de la famille des liliacées (ail, oignon, ciboule, etc.) ne se conservent pas : l’idéal est donc de les semer en automne, comme cela se fait naturellement pour ces plantes.
Ail rocambole
Ciboule
2 – Repiquer et planter les arbres fruitiers en novembre
Le mois de novembre est la période idéale pour planter tous les arbres fruitiers et les petits fruits.
Voici les astuces de Franck pour donner toutes les chances de réussir à vos plantations :
a – Comment bien planter ses arbres ?
- Attendez la chute des feuilles pour mettre en place vos arbres : 85 % du système racinaire d’un arbre pousse en automne, et 15% de mars à octobre.
- Privilégiez les arbres à racines nues. Si vous êtes obligé d’acheter des arbres en pot, les racines auront sûrement tourné en rond et formé un chignon racinaire. Dans ce cas, déroulez les racines du pourtour et coupez-les avant de planter, sinon l’enracinement se fera mal. L’arbre, en plus d’être instable au vent, aura du mal à pousser.
Mais vous pouvez aussi tirer parti de ces chignons qui tendent à rendre l’arbre nain si vous avez un tout petit jardin et que vous souhaitez de petits arbres …
- Soyez vigilants à votre profondeur de plantation :
Repérez sur votre arbre le collet : il correspond au point de jonction entre les racines et la tige ou le tronc. Il peut se matérialiser par une texture ou une couleur différente. Le collet ne doit pas être enterré ! C’est le point de jonction entre les racines et la tige ou le tronc. Si vous l’enterrez, il est fréquent qu’il pourrisse, les échanges entre la partie souterraine et les parties aériennes ne se faisant plus.
Un deuxième repère peut vous aider à planter votre arbre à la bonne profondeur : le point de greffe. C’est la jonction entre le porte-greffe et le greffon. Le porte greffe donne à votre futur arbre ses caractéristiques de port (très souvent il permet de donner des arbres plus petits), et le greffon transmet ses caractéristiques aux fruits.
Le point de greffe se voit à la cicatrice de greffe, qui forme un bourrelet plus ou moins épais à la base du tronc ou de la tige.
Le point de greffe ne doit pas être enterré non plus ! Si le point de greffe est en dessous du sol, des racines de l’espèce greffée risquent de pousser au-dessus du porte-greffe. L’arbre perd alors la spécificité du porte-greffe, et deviendra très grand.
Vous trouverez ci-dessous un schéma issu du livre Créer un jardin-forêt comestible de Franck Nathié, avec les étapes à suivre pour bien planter un arbre en novembre :
Comment planter des fruitiers en novembre ?
Retrouvez également une vidéo explicative sur le lien suivant :
b – Cerner les racines des arbres fruitiers dans vos associations
Si vous avez des arbres à racines nues et que vous souhaitez faire des associations au pied de ces arbres (petits fruits, mûriers, légumes vivaces, etc.), il faut sectionner les racines qui partent à l’horizontale afin de forcer un enracinement profond. Cela limitera la compétition racinaire en surface autour de l’arbre, là où vous mettrez vos légumes et petits fruits.
Il est important, les trois années suivantes, de cerner les racines de ces arbres pour forcer l’enracinement profond.
Cela consiste à mettre des coups de pelle bêche autour de l’arbre, à 10 ou 15 cm du tronc.
3 – Récolter en novembre au jardin-forêt
Les récoltes d’automne sont encore abondantes au jardin-forêt de Simplé en Mayenne !
Voici un petit aperçu des récoltes faites par Franck en ce début novembre.
Photo du mois d’octobre : la photo de la récolte du mois de novembre arrive, elle est en retard !
a – Les légumes du mois de novembre
Au menu ce mois-ci : ail éléphant, bettes, betteraves, carottes, chayottes, céleris, ciboules, cyclanthères géants, épinards, mâches, salades diverses, choux, mais aussi tous les tubercules dont nous avons parlé plus haut. Panais, poireaux communs et perpétuels ou encore salsifis et radis noirs sont également très productifs !
Franck a aussi récolté du cerfeuil musqué. Son astuce pour conserver ? Le mettre au congélateur, pour retrouver un goût sucré anisé tout l’hiver.
D’autres plantes se prêtent bien à la congélation : la verveine pour les tisanes, l’ail éléphant sous forme de poireau, le poireau perpétuel qui sort son nez depuis le mois de septembre et commence à être récoltable en novembre.
Cerfeuil musqué
b – Les fruits du mois de novembre
Les fruits d’automne ont la part belle avec les coing, kakis tardifs, noix variées, rhubarbe. Les kiwi et kiwaï (voir article du calendrier du jardin du mois de juin) font aussi leur apparition et transmettront leurs vitamines dans les semaines à venir.
C’est la 2ème année que le mûrier Mojoberry donne une deuxième volée de mûres : la première en juillet et la seconde fin octobre-début novembre. À la connaissance de Franck, c’est le seul mûrier bifère (qui donne deux fois), comme les figuiers ou les framboisiers.
Rhubarbe
Mûres Mojoberry
4 – Multiplier ses végétaux en novembre
De nombreux végétaux utilisent naturellement le marcottage pour créer de nouveaux individus ou se renforcer.
Comment se produit le marcottage ? C’est assez simple : une tige de la plante, retombée au contact du sol, crée de nouvelles racines.
Il est donc possible de récupérer cette tige et ses nouvelles racines, et de les repiquer ailleurs. Méthode gratuite et efficace, il n’y a qu’à se baisser !
Exemple de marcotte mise en terre et produisant de nouvelles tiges
Mais il est aussi possible d’en créer : enterrez vous-même les tiges sous un petit tas de terre.
Attention, ça ne marche pas à tous les coups ! Parfois cela fait mourir la branche, car les cellules de l’écorce étaient préparées à résister au soleil, mais pas à l’humidité et aux champignons. Franck a déjà fait mourir des branches de figuier sans trop comprendre pourquoi.
Quelles espèces s’y prêtent bien ? Les fraisiers, les framboisiers grimpants (framboimûre et muroise), les groseilliers à maquereaux, kiwi, ronces, baies de goji… toutes les espèces qui marcottent à l’état naturel en fait !
Marcotte de ronce sans épine et de framboisier hybride
Boutures de prune abricot
Il existe aussi des plantes qui font des drageons (des rejets autour du tronc principal), comme les noisetiers et les amélanchiers. Vous pouvez prélever leurs marcottes en automne pour les repiquer ailleurs.
5 – Entretenir le jardin au mois de novembre
En novembre, vous pouvez ramasser les feuilles mortes avec la tondeuse : elle les aspire facilement et mélange le vert de la tonte (riche en azote) et le marron des feuilles (riche en carbone). Les vieux restes de culture de tomates, haricots, cyclanthères, courges sont laissés à même la terre sur les plate-bandes. Tous ces résidus seront la nourriture de milliers de bestioles (vers de terre, collemboles, acariens, coléoptères, champignons de diverses espèces, etc.), qui non seulement aèrent le sol, mais aussi le nourrissent des déjections et des cadavres qu’ils vont laisser.
Un engrais bien plus complexe et riche en minéraux et oligoéléments que du purin ou de l’urine et qui rendra les plantes bien plus résistantes aux maladies.
Le tout est de bien équilibrer le carbone et l’azote (Franck a dédié tout un chapitre à ce sujet dans le livre Permaculture en Climat Tempéré).
Vous pouvez aussi protéger votre sol avec le broyat de vos tailles de haies. Vous pouvez notamment commencer à tailler la vigne et les kiwis à cette période.
Bon mois de novembre à tous, et rendez-vous à l’article du calendrier du jardin-forêt de décembre pour découvrir les nouvelles espèces à semer, repiquer, récolter, multiplier et entretenir !
Qui ne se plante pas n’a aucune chance de pousser !
Marion Dehay, membre active de la Forêt Nourricière
Calendrier perpétuel du jardin-forêt productif
Pas toujours évident de savoir quoi faire au jardin, et à quel moment.
Retrouvez toutes les informations mois par mois pour savoir quoi semer, repiquer, récolter, tailler, multiplier, entretenir.
Avoir en un coup d’œil l’ensemble des travaux au jardin, c’est possible ! Le calendrier perpétuel du potager et du jardin-forêt condense vingt ans de recherches et d’expériences de terrain en un seul support.
Pour en savoir plus…
Nos formations
- Pour une formation complète et concrète sur la création d’un projet en permaculture : formation Cours de conception en permaculture.
- Pour un stage de 3 jours pour apprendre à concevoir, entretenir et faire fructifier votre verger, votre jardin-forêt ou vos haies fruitières multiétagées, en tenant compte des réalités économiques d’une installation permacole dans le contexte actuel : formation concevoir et entretenir un jardin forêt.
Nos livres
- Pour créer l’abondance pour tout ce qui vit, et combler les besoins des êtres qui vont « habiter » le design en s’inspirant de la nature et des modèles naturels : Guide de conception en permaculture.
- Pour découvrir toutes les bases pour comprendre la phytosociologie des plantes alimentaires et concevoir son jardin et ses systèmes de culture multi-étagés : Livre Créer un jardin-forêt comestible, aux éditions Larousse.
- Pour connaître les fruitiers résistants et leurs pollinisateurs, pour créer l’abondance à moindre coût : Livre Multiplication des plantes fruitières, Ressources végétales.